Chronique : Sword Art Online II

Découvrez nos premières impressions sur cette série diffusée en simulcast sur Wakanim

 

Titre : Sword Art Online II
Diffusion : Wakanim depuis le 05/07/2014

Réalisateur : Tomohiko ITô

Chara-designer : Shingo ADACHI

Musique : Yuki KAJIURA

Animation : A-1 PICTURES

 

Une fois n'est pas coutume, je tiens à introduire les propos qui vont suivre par une petite mise en garde : j'effectue ces chroniques en me basant sur un nombre donné d'épisodes, les séries étant, pour la plupart, toujours en cours de diffusion. Le but n'est donc pas de faire une critique définitive mais plutôt basée sur un aperçu qui sera nécessairement amené à évoluer. Il s'agit donc avant tout d'évaluer le potentiel des séries (éventuellement, je serais amené à vous présenter des séries récentes mais terminées donc le problème ne se posera pas de la même manière).

 

Quand popularité ne rime pas avec qualité

J'ai assez longuement hésité avant de me lancer dans la confection de cette chronique : la série est déjà très connue et je préférais faire passer en premier d'autres séries moins en vue. Toutefois, à mesure que je visionnais les épisodes de SAO II, mon agacement (en ayant conscience de sa popularité) croissait, jusqu'à ce que la corde ne rompe à l'épisode 7.

Je ne reviendrais pas sur les événements de la première saison, qui feront peut-être l'objet d'une chronique à venir.

Vous l'aurez compris, Sword Art Online II : Phantom Bullet (abrégé SAO II) est donc la suite directe de SAO premier du nom dans laquelle Kirito (de son vrai nom Kirigaya Kazuto) est envoyé dans un nouveau VRMMORPG (comprenez un MMORPG fonctionnant avec un système de réalité virtuelle), à l'instar de Sword Art Online, appelé Gun Gale Online. Cette fois-ci, Kirito doit enquêter sur un mystérieux phénomène : tous les joueurs de GGO tués dans le jeu par un certain Death Gun sont retrouvés morts dans la réalité, sans trace de blessure apparente.

L'on sent tout de suite l'originalité suinter par tous les pores de ce pitch, MAIS ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué et penchons-nous plutôt sur les forces et les faiblesses de cette suite ! Je vous propose donc de commencer par les défauts (parce qu'il y en a... trop), en y allant crescendo, puis nous terminerons sur une note positive avec une énumération des forces de cette série.



Parce que si les gens ne meurent pas, c'est pas drôle !

De manière assez basique, on remarque que le principal ressort scénaristique de SAO est réutilisé pour mettre l'audience dans l'ambiance, à savoir la règle « si on meurt dans le jeu, on meurt dans le monde réel ».

En soit, l'idée ne manque pas de charme mais comme il y a cette impression de déjà vu (qui est en fait plus qu'une impression), ça ne fonctionne plus aussi bien et on attend autre chose, quelque chose en plus ou de différent... Et on attend toujours !

Ce simple constat me permet d'embrayer sur la suite, qui ne fait que confirmer cette impression que la série a du mal à se renouveler.

 

Un défaut patent d'imagination

La sonnette d'alarme avait déjà retenti, en ce qui me concerne, lorsque j'avais constaté que la première saison de 26 épisodes (de mémoire) était en fait scindée en deux arcs, dont seul le premier (des épisodes 1 à 14) mérite que l'on s'en souvienne.

SAO II confirme malheureusement cette chute de Charybde en Scylla, et même si la qualité est globalement meilleure que celle du deuxième arc (enfin, en tout cas pas pire), on sent que l'univers – ou en tout cas les possibilités qu'il offre – de SAO n'est pas suffisamment élaboré pour être à ce point étiré. Lumière sur les principaux reproches que l'on peut faire à SAO II à ce titre :

Déjà, le nom du bad guy « Death Gun »... Sérieusement ? Je veux dire, je suis d'ordinaire plutôt bon public mais quand on vient me dire que le nom de l'antagoniste qui, lorsqu'il tue un joueur avec son arme à feu dans le jeu, le tue dans la réalité, s'appelle Death Gun (littéralement Pistolet de la Mort), je me dis que l'auteur (qui a donc créé le personnage à l'origine) devait vraiment être fatigué. Certes, c'est cohérent je ne discute pas ce point, mais dans n'importe quel MMO quand quelqu'un utilise un pseudo comme Death Gun, il a 12 ans et découvre les sonorités « carrément plus cools » de langue anglaise. Dans notre cas, il s'agit a priori d'un psychopathe donc vous comprendrez que ça casse un peu l'immersion. Mais bon, on va admettre que cette critique n'en est pas une dans la mesure où c'est loin d'être le plus gros reproche que l'on puisse faire à cet anime.

Ensuite, l'inspiration générale de GGO : cette fois-ci, on opte pour un univers steampunk qui colle mieux aux armes à feu. Ici, et cela dérange bien plus à mon sens, le problème réside dans l'absence presque totale de « patte » artistique. En clair, c'est du mauvais, ou en tout cas médiocre, steampunk : les décors sont pauvres et peu inspirés (en tout cas pour la ville car j'avoue que certaines zones de combat sont bien plus travaillées), et les joueurs qui font de la figuration sont absolument tous des stéréotypes et des clones les uns des autres. On a cette impression que le trait a été volontairement grossi mais ça ne fonctionne pas vraiment. Réussir un bon univers steampunk dans un anime n'est pas chose aisée contrairement à ce que l'on pourrait croire (non il ne suffit pas de mettre des néons et des gros rouages) et malheureusement, « l'échec » de SAO II fait ici figure de cas d'école.

Je ne m'attarderais pas sur la modélisation des armes en elles-mêmes qui m'a largement déçu, comparé à l'esthétique global de l'anime, ni sur le changement de sexe de Kirito dans GGO (oui, Kirito a un avatar féminin) qui, sans me poser de problème particulier (même si à titre personnel, je ne supporte pas de jouer un personnage féminin dans un jeu où l'on est censé se créer un avatar), supprime tout le charisme de ce dernier : il ne ressemble à rien et force sa voix de manière ridicule. Je ne m'étendrais pas sur les raisons d'un tel choix (un écho à la communauté des joueurs MMO ?).

Mais le détail qui a achevé de me blaser (accrochez-vous parce qu'à ce niveau, on tape quand même dans le foutage de gu**le – pardonnez l'expression – modèle géant) : l'arme de prédilection de Kirito ! Rapidement, sachez que dans GGO il y a la possibilité d'opter pour des armes dites énergétiques, dont des épées. Kirito étant donc issu de SAO et de surcroît un bretteur aguerri, il choisit évidemment l'épée énergétique comme arme principale. Jusque là, si on oublie le fait que les armes énergétiques sont réputées comme étant moisies mais que Kirito y trouve son compte, pas de problème. MAIS ! Quand j'ai vu Kirito recevoir et utiliser son épée, mon cœur s'est arrêté : c'est un sabre laser, ni plus ni moins. De l'aspect jusque dans les bruitages, lorsqu'il « l'allume » ou « l'éteint » ou quand il fait des moulinets. Et pas un « genre de », non messieurs dames, purement, simplement et fondamentalement un sabre laser dans ses moindres détail.

J'apprécie beaucoup les clins d’œil à la culture geek dans le cinéma et vice-versa mais là c'est juste du plagiat éhonté, et quand il s'agit de SAO, il y a de quoi se poser des questions.

 

 

Électrocardiogramme plat

Je sens que vos yeux commencent à fatiguer à la lecture de cette longue chronique alors je vais abréger les derniers points (je n'ai pas dit bâcler !).

Autre terrible défaut de cette série, déjà latent dans la première saison, la lenteur de l'action et dans la mise en place de l'histoire. Il faut faire attention à bien faire la différence entre un rythme posé, à l'instar d'un Glasslip, et un rythme lent... Voilà encore un écueil que ne parvient pas à éviter SAO II. On s'ennuie !

L'action est mal découpée et mal dosée. On sent indéniablement toute la limite de l'anime SAO en terme de trame scénaristique. Dans SAO premier du nom, on pouvait déjà ressentir cette espèce de routine mais deux paramètres la légitimaient : c'était parfaitement en cohérence avec le contexte (Kirito était bloqué dans un jeu dans lequel la progression se faisait lentement à cause des risques et donc de la difficulté, sans parler du fameux doute – bien exploité – « au final, est-ce qu'on ne serait pas mieux ici maintenant qu'on y a fait notre vie ? ») et les quelques scènes d'action étaient très intenses, dynamiques, parfaitement maîtrisées et tombaient au bon moment.

Dans SAO II rien ne vient justifier cette lenteur (car on ne retrouve malheureusement aucun des points cités ci-dessus) sinon le côté un peu névrosé de Kirito (je reviendrais là dessus). On ne devrait pas avoir à attendre l'action, on devrait la recevoir.

Si je devais me risquer à émettre une hypothèse, je dirais que cela est essentiellement dû au fait que les « gunfights » sont moins impressionnants que les combats à l'épée de SAO et surtout, l'enjeu n'est pas le même pour les protagonistes que dans SAO, ce qui s'en ressent nécessairement pour l'immersion du spectateur. Sans compter que, comme les gens en charge de réaliser l'anime avaient bien compris ce problème (ironie), ils n'ont pas oublié de rendre Kirito surpuissant pour ajouter à l'ennu... au divertissement !

Enfin le résultat est bien simple, on peut presque retirer un épisode sur deux sans que cela nuise à la narration (j'exagère un peu mais sérieusement, les épisodes 4 et 7, pour ne citer qu'eux, sont purement et simplement inutiles à tout point de vue).

 

 

Parce que tout n'est pas à jeter

Allez, je vous promets, c'est presque fini ! Et en plus, on attaque maintenant les points positifs de SAO II.

Assurément, ce qui fait la force de SAO II, ce sont ses graphismes et la qualité de son animation. C'est beau, c'est fluide, c'est détaillé mais essentiellement (et c'est dommage) à l'extérieur du jeu. Les décors extérieurs flattent la rétine, notamment avec les effets de lumière (on sentirait presque la chaleur du soleil aux différents moments de la journée). Il n'y a pas à dire, les studios A-1 PICTURES savent y faire avec l'animation ! Ils l'avaient déjà prouvé avec la première saison de SAO et récemment, avec la série Aldnoah.Zero dont je vous recommande chaudement le visionnage si vous êtes passés à côté (cette série fera l'objet d'une chronique très prochainement car c'est indéniablement LA série de l'été).

Petit regret quant aux personnages secondaires qui ont des traits grossiers, dignes d'un anime de seconde zone.

La musique enrobant l'ensemble passe globalement assez inaperçue mais comporte toutefois quelques pistes très intéressantes et colle très bien à l'ambiance dépeinte. Qui oserait douter de Yuki Kajiura (même si on n'est assez loin d'un Noir) ?

Enfin, un des éléments qui m'a le plus plu dans SAO II est son côté plus « sombre ». En effet, on a ici un Kirito traumatisé par l'expérience de SAO (à juste titre) et luttant pour se réinsérer dans le monde réel. J'apprécie beaucoup la façon dont cela est traité pour la bonne raison que, même sans avoir de MMORPG utilisant la réalité virtuelle, tout joueur de MMO qui se respecte comprend exactement ce que ressent Kirito. C'est cela la force de SAO depuis le début : réussir à toucher toute une génération de la même manière (voilà d'ailleurs ce qui crée selon moi cette forte cohésion autour de SAO alors que ce n'est objectivement pas une très bonne série).

C'est un mal qui existe bel et bien et que SAO dépeint très bien. Ce sentiment est renforcé par l’apparition d'un nouveau personnage central : Sinon (prononcé Shinon), qui elle aussi souffre d'un traumatisme, lié à son enfance, et trouve un palliatif dans le jeu, où elle peut être quelqu'un d'autre. Malheureusement pour l'instant, tout ceci n'est qu'à l'état embryonnaire tant l'histoire se développe lentement. Mais, même si le personnage de Sinon n'a a priori été créé que dans le but d'étirer artificiellement les possibilités narratives, il a indiscutablement du potentiel.

 

 

En bref

Disons-le clairement, et au risque de vexer les aficionados : SAO II est, au mieux, médiocre. Mis à part la qualité de l'animation et la façon d'appréhender le MMORPG, cette série ne possède pas beaucoup d'arguments de vente.

SAO II se contente de surfer sur le succès de son grand frère (ou de sa grande sœur ? J'avoue que j'ai un doute) et ne fédère que par sa thématique du MMO et la forte empathie que cela crée au sein de la communauté des amateurs de japanimation (on connaît tous bien la relation souvent intime qu'entretiennent les amateurs de mangas et d'animes avec les jeux vidéo, et a fortiori les MMO).

Je me mets à nu devant vous, voilà comment moi j'ai perçu SAO dès le début : « Je ne comprends pas, c'est vraiment moyen (genre moyen moins) mais Dieu que c'est addictif ! ».

Je pense que cela résume assez bien SAO II, on regarde sans rien en attendre, comme prévu on n'a rien mais on continue.

 

 

LES + LES -

- Soigné techniquement et graphiquement (un peu en dent de scie mais bon)

- L'évolution psychologique des personnages, notamment Kirito

- Manque flagrant d'inspiration (que ce soit pour le « méchant », l'univers, le scénario ...)

- Leeeent

- Kirito n'a plus franchement la classe (dans le jeu)

- Le sabre laser !

 
Note :
5/10


Plus d'infos sur la série : VOIR LA FICHE DE SWORD ART ONLINE II

JohnnyBoy44

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