Retour vers le passé : Wolf (1994)
Fantastique/romance
Long métrage américain
Réalisé par Mike Nichols
Scénarisé par Jim Harrison et Wesley Strick
Avec Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, James Spader, Christopher Plummer…
Année de production : 1994
Notamment connu pour ses romans Un bon jour pour mourir et Sorcier et les recueils de nouvelles Légendes d’Automne et En route vers l’Ouest, l’écrivain Jim Harrison a également travaillé pour le cinéma, tout d’abord en co-écrivant une comédie policière oubliée, Cold Feet avec Keith Carradine, avant d’adapter sa nouvelle Revenge pour Tony Scott et Kevin Costner. Légendes d’Automne, autre film adapté de son oeuvre, est sorti en 1994, la même année que Wolf, pour lequel il a écrit le scénario original (car contrairement à ce que prétendent certaines sources, cette histoire n’a rien à voir avec son bouquin Wolf, mémoires fictifs).
Mais déçu par son expérience sur cette production de la Columbia, le romancier qui nous a quittés en 2016 s’est éloigné du monde du cinéma et il n’existe que deux autres titres inspirés de ses écrits, le long métrage Etat de Force (1996) et le téléfilm Dalva (1998).
Jim Harrison ne s’est en effet pas du tout entendu avec le metteur en scène Mike Nichols (il s’agit là de l’une des rares incursions dans le fantastique du réalisateur du Lauréat et de Catch-22). D’après lui, Nichols avait une vision apolonienne du sujet (qui vise la perfection, la beauté), l’opposé de celle de Harrison, plus dionysiaque. L’écrivain a donc claqué la porte et Wesley Strick (Arachnophobie, Les Nerfs à Vif…) a été appelé pour des réécritures. Une déception pour Jim Harrison, qui avait écrit le rôle principal pour son ami Jack Nicholson, qu’il connaissait depuis de nombreuses années…
Il pouvait être assez étonnant de retrouver Mike Nichols, plus habitué au drame et à la comédie, sur un film de loup-garou…et le résultat est assez inégal. Le personnage principal de Wolf est Will Randall (Nicholson), un éditeur new-yorkais mordu par un loup qu’il a percuté avec sa voiture dans le Vermont. Il constate très vite des changements, aussi physiques que psychologiques, en développant des instincts de plus en plus sauvages. Parallèlement, il entre en conflit avec son protégé Stewart Swinton (James Spader) qui couche avec sa femme et convoite son poste. Will fait aussi la connaissance de la fille du magnat Raymond Alden (Christopher Plummer), la très belle Laura (magnifique Michelle Pfeiffer) dont il tombe amoureux…
Mike Nichols s’en sort mieux dans la première partie du métrage qui montre Will découvrir progressivement ses nouvelles capacités et dans la description des luttes de pouvoir entre un responsable éditorial expérimenté et un yuppie arrogant aux dents longues. Il y a de la tension entre les différents protagonistes et aussi quelques touches d’humour bienvenues (comme lorsque Will pisse sur les chaussures de Stewart pour marquer son territoire). L’interprétation est solide (Nicholson en fait parfois un peu trop mais c’était récurrent de sa part et il a des moments too much croustillants) et la partie romance est bien équilibrée dans le déroulement du récit.
Par contre, l’aspect horrifique n’est pas toujours convaincant. Les choix de réalisation de Mike Nichols sont souvent maladroits et les maquillages du spécialiste Rick Baker ne font pas partie des plus grandes réussites de sa carrière. Au mieux, Nicholson a des faux airs de vieux Wolverine…au pire, le loup-garou et son ennemi semblent sortir tout droit d’un nanar espagnol avec Paul Naschy dans un affrontement final un brin ridicule qui a remplacé une première fin rejetée après une mauvaise projection-test.
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