Retour vers le passé : Mothra contre Godzilla (1964)

Action/fantastique
Long métrage japonais
Réalisé par Ishirô Honda
Scénarisé par Shin’ichi Sekizawa
Avec Akira Takarada, Yuriko Hoshi, Hiroshi Koizumi…
Titre original : Mosura tai Gojira
Année de production : 1964

Sept années s’étaient écoulées entre Le Retour de Godzilla (1955) et King Kong contre Godzilla (1962). Le succès de la rencontre entre la Huitième Merveille du Monde (un peu défraîchie tout de même pour son séjour en Orient) et le Roi des Monstres a été le véritable déclencheur de cette franchise qui a enchaîné les productions régulièrement (en tout quinze pour ce qui a été appelé l’ère Showa) avant de marquer une pause en 1975 (Godzilla est ensuite revenu sur les écrans japonais en 1984).

C’est dans Mothra contre Godzilla que le dinosaure dopé aux radiations nucléaires affronte son premier adversaire issu d’un autre long métrage de la Toho. Mothra est un lépidoptère géant, une force du bien vénérée comme une déesse de la nature, représentation de son cycle de vie et de mort. Le personnage est apparu pour la première fois en 1961 dans son propre film réalisé par le grand spécialiste des kaiju eiga et valeur sûre du box-office Ishirô Honda.

Le premier Godzilla reste une oeuvre très sombre, un film catastrophe mâtiné d’horreur qui traite d’un traumatisme qui était encore présent dans tous les esprits. À partir de King Kong contre Godzilla, la Toho a commencé à viser un peu plus les jeunes, décision prise suite à l’importance grandissante de la télévision, avec des étapes franchies à chaque nouvel opus. Dans ce quatrième volet de la saga, Godzilla reste l’antagoniste…mais les destructions qu’il cause sont le plus souvent provoquées par sa maladresse. Ses actes ne sont plus délibérés, il se prend en fait ses grosses pattes dans un monde trop petit pour lui, glisse, se coince la queue dans des pylônes, s’énerve et répond aux attaques.

Le scénario veut toucher tous les publics et provoque alors un certain décalage de ton. Tout ce qui concerne Mothra a un aspect conte de fées, notamment avec ses gardiennes, deux petites fées appelées les Shobijin et venant d’une île détruite par les essais nucléaires. Ce sont elles qui convaincront Mothra d’aider les humains (montrant là sa propension à pardonner) malgré le fait que deux entrepreneurs se sont emparés de son oeuf pour l’exposer dans leur parc d’attractions. Une sous-intrigue qui parle de cupidité, d’appât du gain et qui étonne par un face-à-face violent et saignant entre les deux « méchants » dans le dernier acte…

Etape obligée, le combat final n’est pas le plus spectaculaire mais sa construction en deux temps…d’abord Mothra, puis ses larves…est plutôt bien ficelé. Mais même si j’ai bien aimé leur look étrange et pataud, l’état larvaire des bébés de Mothra ne permet pas beaucoup de variété dans les coups échangés, rendant la bataille un chouïa répétitive dans les ultimes minutes…

Mothra contre Godzilla a été projeté dans les salles japonaises en avril 1964 et le succès fut une nouvelle fois au rendez-vous. Quand la Toho s’est rendu compte que Akira Kurosawa ne pouvait pas livrer Barberousse à temps pour la fin de l’année, le studio a précipité la production d’un nouveau choc de kaijus, un bestiaire qui s’agrandissait de plus en plus. C’est ainsi que Godzilla, Rodan, Mothra et King Ghidorah ont été réunis dans Monster of Monsters : Ghidorah, sorti en décembre 1964.