Retour vers le passé : Conan le Barbare (1982)

 

REALISATEUR

John Milius

SCENARISTES

John Milius et Oliver Stone, d’après les personnages créés par Robert E. Howard

DISTRIBUTION

Arnold Schwarzenegger, James Earl Jones, Sandahl Bergman, Gerry Lopez, Mako, Max Von Sydow, William Smith…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures
Titre original : Conan the Barbarian
Année de production : 1982

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts…

Quand ils ont découvert un premier montage du documentaire Pumping Iron (également connu sous le titre Arnold le Magnifique en version française), Edward Summer et Edward R. Pressman, qui venaient d’acquérir les droits cinématographiques du Conan de Robert E. Howard, ont tout de suite su qu’ils tenaient leur tête d’affiche en la personne du champion de culturisme Arnold Schwarzenegger. Le chêne autrichien, incarnation vivante d’une peinture de Frank Frazetta, n’avait jamais entendu parler de Conan mais des petites recherches et l’enthousiasme de Pressman l’ont convaincu qu’il tenait enfin son occasion de percer au cinéma.

En 1976, Arnold avait juste joué dans le nanar Hercule à New York en plus de deux ou trois petits rôles au ciné et à la télé. Le développement de Conan le Barbare a pris quatre années supplémentaires avant le début du tournage mais Schwarzy est resté le choix principal sur l’insistance de Edward Pressman, même quand le mogul Dino de Laurentiis a rejoint la production, ce qui lui a permis d’accepter plus de propositions entretemps (comme dans la série Les Rues de San Francisco et le western comique Cactus Jack) et de s’entraîner avec acharnement pour le rôle qui fera de lui une star du cinéma d’action.

 

 

Pour vendre le projet, les deux Edward ont d’abord travaillé sur un traitement co-écrit avec Roy Thomas, le scénariste principal des comic-books Conan de Marvel très populaires à l’époque. Un script abandonné quand Oliver Stone, qui venait de signer le scénario de Midnight Express, a proposé ses propres idées, une épopée de près de quatre heures qui s’inspirait des écrits de Howard tout en transposant cet univers dans un futur post-apocalyptique (dans le final, Conan devait mener une armée contre une horde de 10.000 mutants). Il aurait fallu au moins 40 millions de dollars pour financer ce blockbuster mais Pressman, Summer et Stone n’ont jamais pu convaincre un studio.

Et c’est là que John Milius entre à nouveau en scène. Le réalisateur de Graffity Party s’était déjà montré intéressé mais n’avait pu s’entendre avec Pressman. Après que le directeur artistique Ron Cobb lui ait montré son travail, Milius a proposé de mettre en scène le film si on le laissait retravailler le scénario. C’est Milius qui a amené Dino de Laurentiis car son contrat stipulait qu’il devait réaliser son prochain film pour lui et de Laurentiis a ensuite signé un accord de distribution avec la Universal pour le territoire américain.

 

 

La vision de John Milius prend des libertés avec l’oeuvre de Robert E. Howard, ce qui a divisé les spécialistes de Conan mais pour ma part, je n’ai jamais trouvé que cette adaptation dénaturait le matériel de base. Milius a rétabli la période historique des aventures du cimmérien, n’a gardé que quelques scènes de la première moitié du scénario de Oliver Stone écrit sous l’influence de la drogue (dixit les intéressés) et réécrit tout le reste en imposant ses influences, comme celles venant du cinéma japonais (Les Sept SamouraïsKwaidan). Il y a certes des changements (la jeunesse de Conan, la caractérisation de Valeria incorpore des éléments de Bêlit…) mais ils fonctionnent dans le cadre de l’histoire racontée…et très bien racontée en donnant une grande importance à la musique.

La bande originale de Basil Poledouris est quasi-omniprésente et ses thèmes devenus mémorables. Les compositions accompagnent les exploits de Conan et de ses camarades avec l’énergie, le rythme nécessaire…il y a de la puissance dès les premières notes (l’emblématique Anvil of Crom) mais aussi de la légèreté lorsqu’elle accompagne les pas de Conan et de son ami Subotai et de l’émotion et de la tendresse dans l’histoire d’amour entre le barbare et Valeria. Conan le Barbare est un véritable opéra guerrier, léger en dialogues (surtout dans son premier et son dernier acte) mais blindé d’images fortes de la première à la dernière minute.

 

 

Le jeu des héros est certes limité (l’expérimenté Mako en narrateur et sorcier un brin trouillard est le meilleur des quatre) mais leur dynamique est attachante et leur animalité rend les scènes d’action encore plus spectaculaires et intenses. En Thulsa Doom (créé à l’origine en tant qu’adversaire de Kull), James Earl Jones campe un méchant d’anthologie et des acteurs comme William Smith (le père de Conan) et Max Von Sydow (le roi Osric) imposent leurs présences même avec un temps d’écran réduit.

S’il fut rentable, Conan le Barbare n’a en fait pas connu un énorme succès à sa sortie et c’est à partir de sa sortie en VHS que le film a récolté plus d’argent et est devenu de plus en plus populaire. Plusieurs suites étaient prévues mais une seule a été tournée sur un mode plus « grand public »Conan le Destructeur en 1984.

Et Conan ramena la fille du roi Osric chez elle. Ayant accompli sa mission, il repartit avec ses compagnons en Ouest, où Conan dut affronter de nombreuses querelles et de nombreuses guerres. Son nom fut couvert d’éloges et d’honneurs et, un jour, il devint roi de ses propres mains. Mais ceci est une autre histoire.

Le Doc

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