Critique Goblin Slayer 1

En septembre, les éditions Kurokawa ont pris les couleurs de la dark fantasy avec une double sortie de leur nouvelle licence forte et l'une des plus attendues par les fans du genre, Goblin Slayer. Ce sera d'ailleurs une première pour l'éditeur qui profite de l'occasion pour se lancer dans le Light Novel. Pour ma part, je vais me concentrer sur l'adaptation manga mais je pense tout de même succomber à la tentation du Light Novel d'ici fin d'année afin de me replonger dans l'atmosphère du titre qui m'a assez bien séduite dès le départ. Ce dernier est en cours au Japon depuis 2016 avec déjà sept romans à son compteur et est écrit par Kumo Kagyu et illustré par Noboru Kannatsuki. Concernant l'adaptation manga, elle a débutée la même année dans les pages du magazine Big Gangan de Square Enix. Confiée au mangaka Kosûke Kurose, elle compte actuellement cinq volumes dont le dernier est sorti le 25 septembre de cette année. L'univers de Goblin Slayer connait également une version anime produite par le studio White Fox et disponible chez nous sur le site de Wakanim. Il n'est pas très difficile de deviner au vue de ses multiples adaptations que la série a rencontré un joli succès au pays du soleil levant. Mais qu'en est-il réellement? Pour ma part, la série s'offre des débuts prometteurs en nous proposant de suivre un duo intéressant à travers leurs sombres aventures évoluant dans un univers sans pitié. Le "Dark" n'est pas ici pour faire joli, good!   

"Ca ira!! Ce ne sont que des simples gobelins, j'en ai déjà combattu plein! Faites vite, il n'y a pas de temps à perdre! Ces jeunes prisonnières attendent les secours !"

La jeune Prêtresse fraîchement devenue aventurière découvre, dès sa première mission, à quel point des monstres aussi faibles que des gobelins peuvent représenter une menace effrayante. Heureusement, un homme en armure se décrivant comme le Goblin Slayer – un crève gobelins – fait son apparition et abat un par un, sans aucune pitié, tous les gobelins qui lui font face pour la tirer de cette mauvaise posture.

"De la dark fantasy comme on les aime!"

En tant que grande fan de la dark fantasy, je dois reconnaître que j'ai été un peu déçue par mes récentes lecture, to the abandonned sacred beast aux éditions Pika pour ne citer que lui, et mes attentes sont donc devenues un peu plus élevées concernant le genre.   C'est pourquoi la lecture de Goblin Slayer m'a toute de suite conquise puisqu' un peu à la manière de l'excellent Grimgar, un monde de cendres et de fantaisies projette ses lecteurs dans un univers fantasy sombre et sans pitié où l'aventurier humain sans expérience est à sa juste place, tout en bas de l'échelle.

Les premiers chapitres teintés de violence et d'horreur confirme cette volonté et laisse à penser que cette série n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Âme sensible s'abstenir, l'auteur à l'origine de cette adaptation manga prend le parti de tout nous montrer à peu de chose près au risque de nous dégoûter ou de nous choquer devant l'horreur des scènes (il y a des scènes de viols!). Si  au départ on n'est pas grandement dépaysé par les éléments qui nous sont proposés, les jeunes aventuriers qui font partie d'une guilde, les différentes aptitudes au sein d'un groupe, les Gobelins qui même s'ils sont censés être les plus faibles créatures du folklore sont dangereux, les choses prennent rapidement une tournure plus intéressante avec le massacre des jeunes recrues et l'arrivée du fameux personnage en armure représenté sur la couverture. On assiste donc à une première moitié de tome bien sanglante et fort bien orchestrée qui est essentiellement là dans le but de nous faire prendre conscience de ce que sera l'un des enjeux principaux du récit à savoir la survie dans un univers fantasy. Simple mais efficace et hautement addictif!  

On voit alors ce premier groupe de jeunes aventuriers se faire littéralement massacrer.  Leur excès de confiance et leur manque d'expérience nous sautent aux yeux au moment même où la peur se lit sur leurs visages. Tout va très vite, on ne ressent pas la même chose que dans Grimgar où on avait eu le temps de s'attacher aux personnages puisqu'on ne sait ici rien d'eux mise à part quelques bribes sur leur passé juste avant qu'ils meurent dans d'atroces souffrances histoire de les rendre plus humains à nos yeux mais on apprécie l'atmosphère morbide et le rythme effréné des scènes. L'héroïne parvient de justesse à s'en sortir grâce à l'intervention du Goblin Slayer, un aventurier de haut rang dont on devine aisément la spécialité. Les choses auraient pu s'arrêter là, l'héroïne est sauvée et on rentre à la guilde mais le cauchemar continue de plus belle puisqu'on repart dans cette maudite grotte pleine à craquer de monstres.  C'est cet élément qui rend ce début follement excitant, on se retrouve avec le Goblin Slayer qui même s'il a l'air de s'y connaitre reste un aventurier qui n'a rien de surhumain contre des dizaines de gobelins et il emmène en plus notre jeune héroïne encore traumatisée mais tout de même capable de se relever espérant retrouver des survivants de son groupe. On est complètement pris par l'intrigue, l'expérience du Goblin Slayer est source d'admiration et nous permet de mieux se rendre compte des erreurs du premier groupe qui n'avait que peu de chance de l'emporter. Le spectacle que ce dernier nous offre est assez jouissif entre ruses, stratégies, techniques de traque, vivacité d'esprit, capacité à utiliser les aptitudes de l'héroïne et un côté sans pitié qui est la cerise sur le gâteau. On est donc en présence d'un personnage fort, charismatique à sa manière, intelligent qui donne très envie de suivre ses aventures. Quand à l'héroïne, on salue son courage puisqu'elle tout de même parvenue à le suivre et à agir malgré ses peurs.  Entre un duo de personnage qui nous séduit d'emblée, une bonne dose d'action qui se déroule dans un environnement sombre et suffoquant, une cadence soutenue et une dose d'horreur, cette première moitié de tome se révèle diablement efficace à de nombreux niveaux.

Après cette horrible expérience, on assiste à la naissance de notre duo de façon assez naturelle mais tout à fait plaisante. Un duo qui fonctionne bien et se veut complémentaire avec à la clé une belle marge de progression pour l'héroïne et de nouvelles stratégies intéressantes que pourra désormais élaborer notre héros. On est séduit et impatient de découvrir la suite.

Dans la seconde partie du tome, l'auteur approfondi certains aspects de son récit qui sont alors mis en avant de façon assez intéressantes comme le fait que les quêtes de gobelins soient répudiées par les aventuriers de haut rang. Des explications livrées à travers le regard de la charmante assistante de la guilde qui voit en le Goblin Slayer un véritable héros. Si on pensait que le personnage du Goblin Slayer allait conserver une aura assez mystérieuse pendant un certain laps de temps, on sera surpris de le voir se confier si rapidement et dévoiler son histoire personnelle de façon aussi naturelle. On ne tombe certes pas à la renverse en la découvrant puisqu'il est facile de deviner e qui lui est arrivé en portant le doux nom de Crève-Goblin mais on apprécie la façon dont il a été amené à se confier sur toute cette souffrance et cette haine qui le ronge de l'intérieur. L'auteur apporte ici une certaine noirceur à son personnage mais aussi de la crédibilité puisqu'il nous racontera que parfois il s'en est fallu d'un cheveu pour que son héros connaisse le trépas. Il y a une certaine forme de réalisme qui nous est décrit ici et qui vient appuyer le côté survival de l'œuvre d'une belle façon. Ici, pas question de héros invincible donc, on accroche décidément bien à ce dernier!  L'auteur nous dépeint également son lien spécial avec une jeune femme qui pourrait déboucher sur quelque chose d'intéressant pas la suite.  

Enfin, on termine la lecture sur une nouvelle quête "crève gobelin" histoire de bien rôder la machine. On apprécie une nouvelle fois le spectacle que ce soit la relation de confiance qui se veut de plus en plus forte entre nos deux héros, l'élaboration de nouvelles stratégies et une bonne dose d'action. L'apparition d'un nouveau personnage à la toute dernière page nous intrigue et nous donne sacrément envie de se replonger rapidement dans l'ambiance du titre!    

Un petit mot sur les graphismes, le travail de l'artiste est efficace dans l'ensemble et plonge sans difficulté les lecteurs dans une atmosphère souvent portée par l'horreur et la violence. La mise en scène se révèle bien gérée, fluide et accompagne de façon agréable le rythme soutenu et le dynamisme des scènes pages après pages. L'utilisation des trames offre une ambiance sombre tamisée qui renforce l'impact visuel. Le chara-design des personnages est agréable même s'il me fait davantage penser à du shônen que du seinen, les visages sont assez expressifs y compris pour le Goblin Slayer que l'artiste arrive à rendre imposant par moment et ce malgré le casque vissé sur sa tête. On aimerait malgré tout des décors plus détaillés mais difficile de faire beaucoup mieux puisque l'essentiel de ce premier tome se déroule soit dans une grotte soit à la guilde. On ne tombe certes pas en pamoison devant les graphismes mais ils se révèlent tout à fait plaisants, un bon point donc!

Kurokawa nous sert une édition de bonne facture avec quelques pages en couleurs qui font toujours plaisir, un extrait du light novel histoire de nous donner envie de se le procurer ainsi que quelques petits bonus sous la couverture. Et pour ceux qui veulent prolonger l'expérience, l'éditeur vous propose le light novel en prime. C'est du bon travail!  

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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