Critique Le troisième Gédéon 1
Après « La tour fantôme », voici la nouvelle œuvre de Taro Nogizaka aux éditions Glénat. L'histoire se passe en France, à la fin de l'Ancien Régime, où nobles et pauvres s'opposent. Nous suivons la vie de Gédéon, un simple roturier membre du parti patriote, qui veut changer le monde : faire de la France un pays où tout le monde pourrait être heureux et en bonne santé, sans distinction de statut social. Or, dans une société où la noblesse domine tout le reste, il devra se dépasser pour permettre à tous d'être égaux.
À son opposé, Georges, son ami d'enfance, le duc de Loire, veut détruire le pays. Ce premier tome va nous présenter les personnages en développant leur personnalité et les enjeux qui ont pu pousser Gédéon à défendre les pauvres. Au fur et à mesure, on sent une tension se mettre en place, du fait que Georges se joue de Gédéon : Il lui laisse penser qu'il est de son côté, qu'il veut lui aussi une révolution alors que son véritable but est le chaos. Cependant, le sang-froid de ce dernier et sa facilité à ôter la vie vont pousser Gédéon à voir son ami autrement, de façon à ce qu'il se mette à douter de lui.
La subtilité de ce tome réside dans la structure narrative, qui permet au lecteur de s'immerger dans l'histoire tout en intégrant l'époque historique. De cette façon, les enjeux nous paraissent plus clairs, et certaines situations semblent beaucoup plus logiques et moins « tirées par les cheveux » de cette façon. De plus, on sent une certaine complexité au niveau du personnage de Georges, car contrairement à Gédéon, on en apprend très peu sur l'origine de sa haine, car d'après les quelques flash-backs sur son enfance, c'était un enfant très craintif, qui était contre la peine de mort pour les criminels. Cette part de mystère est renforcée par sa façon d'agir, comme s'il était détaché de tout, que rien ne l'atteignait. J'ai d'ailleurs noté une certaine question qui revenait plusieurs fois dans ce tome : Pourquoi, quelqu'un de son rang aurait-il besoin de Gédéon à ses côtés, qui n'a aucune influence sur la grande puissance française ? Auprès de ses complices, il dit l'utiliser en tant que pion, mais est-ce vraiment tout ? Gédéon ne serait-il pas celui qui le rattache à son passé, qui lui permet de garder une once d'humanité ? Si cet aspect est correctement développé, ça pourrait être fortement intéressant, car ce personnage dégage quelque chose qui m'intrigue, et rien que pour cela, j'ai lu ce tome d'une traite, tellement j'étais pris dans l'histoire.
Il y a tout de même un certain paradoxe à noter : Gédéon semble connaître suffisamment les horreurs de ce monde pour ne pas se voiler la face, pourtant il semble assez naïf, comme s'il espérait que les choses allaient forcément s'arranger, malgré le fait que ça empire. Ce qui fait qu'il a l'air aussi mature qu'enfantin par moments, et c'est bien plus difficile de croire en ce qu'il dit.
Dans l'ensemble, je trouve l'histoire tout à fait maîtrisée, j'en attends cependant un petit peu plus par la suite pour fixer mon avis définitif. C'est une série que je conseillerais aux fans de mangas historiques, qui aiment lorsque l'intrigue ne se limite pas à un récit de l'histoire française.
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