Critique Love & Lies 1

Fin d’année, les éditions Pika ont vu débarquer le shonen de Muzawo dans leur catalogue avec actuellement cinq tomes à son compteur. Au programme, une comédie romantique prenant place dans un monde où tomber amoureux est strictement interdit. Avec sa couverture aux couleurs bien pétantes et son synopsis intriguant, ce nouveau titre a de quoi attirer les lecteurs, moi y comprise !
 

« Parfois, je me demande ce que signifie le verbe aimer. A quel moment les gens tombent dans le piège ? »

Les mensonges sot interdits et l'amour est doublement interdit. Dans un avenir proche, lorsque les jeunes au Japon auront 16 ans, ils sont affectés à un partenaire de mariage par le gouvernement. Les gens n'ont plus à chercher un partenaire, et tout le monde accepte que le gouvernement trouve des partenaires compatibles pour eux.
Yukari Nejima a 15 ans. A la fois académiquement et physiquement, il est inférieur à la moyenne. Mais à l'intérieur de lui, se cache un cœur de passion. Dans ce monde où l'amour est interdit, que va t-il lui arriver quand il tombe amoureux ?
 

« Un point de départ original mais peu exploité pour le moment »

On débute ainsi la lecture en compagnie d’un jeune lycéen tout ce qu’il a de plus banal nous confiant son béguin de longue date pour une jolie fille fréquentant le même établissement scolaire. Jusqu’ici, rien de bien extraordinaire me direz-vous ? Sauf qu’ici le point de départ se veut plus original qu’à l’accoutumée, Musawo puisant son inspiration dans la problématique de dénatalité à laquelle le Japon fait face actuellement. Il a ainsi imaginé une loi pour pallier à cette dernière et qui consiste à supprimer le sentiment amoureux pour le remplacer par une analyse purement scientifique sélectionnant le parfait partenaire pour chaque citoyen. Dans un premier temps, on restera assez sceptique puisque l’auteur ne nous en révèle pas suffisamment dans le premier tome mais enthousiaste appréciant tout de même sa volonté de se démarquer des autres titres du genre. En effet, l’idée soulève de nombreuses questions et aurait pu si elle avait été réellement exploitée déboucher sur une vraie critique de la société. Cependant, on se rend compte au fil de la lecture qu’il s’agit plus d’un prétexte au récit à tel point qu’on se demande sérieusement si l’auteur ira plus loin dans sa réflexion. Cela dit, la bonne surprise viendra surtout de l’impact de cette loi sur les relations entre les différents protagonistes et fera que finalement on se prendra volontiers au jeu.
 

« Des relations atypiques, des personnalités loufoques et une petite touche de ecchi, l’auteur a trouvé sa recette pour nous offrir un bon divertissement »

Pour en revenir à l’histoire, Yukari conserve l’espoir de déclarer sa flamme à sa bien aimée malgré cette fameuse loi. C’est donc le jour de ses seize ans qu’il décide de sauter le pas et de lui donner rendez-vous dans un parc. Sa nervosité rendra ce passage plutôt drôle mais on sera surtout surpris par l’attitude entreprenante de celle qu’il aime, Misaki. Bien sûr, on s’attend un peu aux événements qui vont suivre mais on reste curieux de voir comment vont évoluer les relations entre les deux jeunes gens.

C’est à ce moment là que l’intrigue devient un peu plus prenante avec l’entrée en scène d’une deuxième héroïne qui viendra grandement compliquer la vie de Yukari. En effet, le gouvernement va imposer à ce dernier une sorte de rendez-vous arrangé afin de lui présenter la partenaire sélectionnée spécialement pour lui. On peut dire qu’il a tiré le gros lot puisque Ririna se révèle être une très jolie jeune fille, intelligente et issue d’une bonne famille. Outre, l’envie de découvrir ce nouveau personnage, on appréciera surtout le fait de ne pas voir Yukari céder à ses pulsions et d’autre part la façon plutôt inattendue dont les relations vont se mettre à évoluer. En effet, la jeune fille va très vite se rendre compte que le cœur de Yukari appartient déjà à une autre et va s’amuser à jouer les entremetteuses. Ririna va donc se lier d’amitié à la fois avec Yukari et Misaki rendant ainsi la lecture plutôt surprenante dans le sens où cette dernière découvrira l’amour à travers la relation de ses deux nouveaux amis. Ainsi, la très attachante Ririna apporte donc une réelle fraîcheur au titre en lui permettant de ne pas prendre tout de suite la très banale direction du triangle amoureux. Le petit twist en fin de tome viendra surprendre les lecteurs et compliquer à nouveau le schmilblick puisqu’un quatrième larron s’invitera également à la fête.

En résumé, ce premier tome n’est certes pas exempt de défaut mais reste divertissant dans son ensemble. Même si on aurait préféré une réflexion plus profonde sur le sujet, la lecture se veut emballante et bidonnante dans le ton de toute bonne comédie romantique. A noter que l’auteur n’oublie bien sûr pas de contenter le lectorat visé avec des scènes un brin sexy juste ce qu’il faut pour ne pas tomber dans le trop osé.

Attention spoil ! Si vous n’avez pas lu le second tome, passez directement à la section graphismes.
 

« Un second tome qui confirme les qualités comme les défauts du premier »

A la fin du tome précédent, Nisaka est venu se rajouter à une équation déjà bien complexe. Égal à lui-même, Yukari va sans le savoir alimenter les sentiments qu’éprouve le jeune homme. On n’aura donc pas le temps de s’ennuyer dans ce second tome, l’auteur se débrouillant plutôt bien pour donner envie aux lecteurs de voir où les sentiments respectifs de chacun de nos quatre compères vont les mener. Outre ces quelques scènes de rapprochements entre certains personnages, l’auteur profitera d’une occasion pour lâcher quelques informations sur son fameux système de sélection. On découvre ainsi que ce dernier se base sur plusieurs critères comme la génétique ou l’environnement familial pour déterminer le bon partenaire. Même si on appréciera le fait d’en savoir un peu plus, l’auteur reste un peu court dans ses explications et le langage employé par les agents gouvernementaux ne fait pas très sérieux.

Enfin, l’événement majeur de ce second tome prendra la forme d’un petit voyage organisé donnant l’occasion à tout ce petit monde de se rapprocher et de mieux se connaitre. Mise à part les quelques bons fous rire dû aux personnalités décalées de certains, on se rendra surtout compte de l’importance que va prendre le personnage de Nisaka. Ses non-dits viendront certes rajouter du piment à l’histoire mais c’est surtout la leçon de moral destinée à l’une de nos héroïnes qui nous interpellera. En effet, on découvrira que toute personne ne se conformant pas à l’avis gouvernemental se retrouve exposée à de très lourdes conséquences. Contrairement aux agents gouvernementaux, Nisaka est parvenu à se montrer convaincant dans ses explications et à provoquer une réelle remise en question chez l’un des personnages relançant ainsi de façon pertinente les enjeux de l’intrigue. L’auteur continue également de jouer avec sa thématique de l’amour interdit à travers Yukari et Misaki et donc de susciter notre intérêt. Ce second tome se conclut sur un événement certes peu original et très vite balancé mais qui aura au moins le mérite de faire avancer les choses entre Yukari et Ririna donnant par la même occasion l’envie de découvrir la suite.

Un petit mot sur les graphismes, Misawo ne s’en est pas trop mal sorti et livre un travail qui se veut agréable dans l’ensemble et qui cadre bien avec l’esprit léger de la série. Malgré quelques petites imprécisions, il parvient sans mal à faire naître de jolies filles sous son trait, les postures sont loin d’être figées et les expressions bien souvent rougissantes restent bien rendues. On pourra également lui reprocher le chara design peu inspiré du héros mais ce sont de petits détails qui finalement n’ont pas tellement d’importance surtout si on tient compte de son peu d’expérience. Quant à l’édition, Pika nous délivre un travail tout à fait honorable comme à l’accoutumée.

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
Commentaires (0)