Critique Pline 1

Pline l’ancien

Vous ne connaissiez peut-être pas Pline, mais il est considéré comme le plus grand naturaliste de tous les temps. Alors que Pline était venu observer l’éruption dévastatrice du Vésuve en l’an 79 accompagné de son fidèle scribe Euclès, on fait un saut dans le passé, juste après une autre éruption, celle de l’Etna.
 

© Mari Yamazaki, Tori Miki (2014)


Euclès a tout perdu et cherche à récupérer ce qu’il peut sur les décombres de sa maison. Assistant à la scène, Pline va à la rencontre du jeune homme. Et c’est ainsi qu’Euclès va devenir un des scribes de celui qui était à l’époque le substitut du gouverneur de Sicile.

Il va donc suivre Pline partout et surtout consigner tout ce que celui-ci va dire ou faire.
 

Sur la route

Ce premier tome de Pline s’apparente à une grande balade sur la route qui relie la Sicile à Rome. Mais voyager avec Pline est une expérience unique puisque celui-ci, en bon naturaliste passionné et qui ne manque jamais une occasion de s’instruire, prend son temps et rien ne saurait le stresser… même pas Néron qui le rappelle à Rome, c’est dire !

© Mari Yamazaki, Tori Miki (2014)


Autant vous dire que son scribe Euclès ne manque pas de travail car il consigne tout ce qu’explique Pline. D’ailleurs c’est assez amusant puisqu’Euclès joue un peu le rôle de l’élève dans lequel le lecteur peut se retrouver. Il pose les questions qu’on aurait envie de poser. Bien entendu, les réponses données par Pline peuvent parfois paraître étrange pour nous qui vivons au 21ème siècle. Il affirme des choses qui n’ont été prouvées que bien plus tard par la science moderne et c’est assez fascinant.

Ce côté “road trip” est vraiment très plaisant et vient alléger la narration. On change souvent de décor, nos voyageurs font des rencontres variées et assistent à des phénomènes naturels.

Un personnage atypique

Alors oui on apprend plein de choses aux côtés de Pline mais si ce n’était que cela, ce serait un peu ennuyeux. Mais heureusement, la personnalité de ce dernier est telle, qu’on est toujours amusé par ses réactions surprenantes.

Malgré son statut dans la société romaine, Pline reste quelqu’un de simple. Il aime avant tout observer la nature et prendre son temps, parfois au grand désarroi de ses compagnons de voyage ! Que ce soit la gastronomie, les phénomènes naturels, l’architecture… tout l’intéresse et il est prêt à aller au bout de ses idées quand il s’agit d’éclaircir un “mystère” de la nature, quitte à mettre sa vie en danger. On le voit d’ailleurs très bien dans les premières pages du manga où il prend tout son temps pour manger et prendre un bain alors que dehors, le Vésuve est en train de tout ravager avec sa pluie de pierres volcaniques.
 

© Mari Yamazaki, Tori Miki (2014)

Et sa simplicité se retrouve également dans son caractère très sociable. Il se mêle volontiers aux personnes possédant un rang social inférieur au sien, sans à priori. Il peut également supporter des conditions de vie rudimentaires sans se plaindre.
 

Un contexte historique fort

Autre élément intéressant, Pline se déroule à une époque agitée pour Rome. C’est Néron qui est au pouvoir et rien ne se passe comme il le voudrait. Il est hanté par la mort de sa mère et sa nouvelle compagne est loin de faire l’unanimité auprès du peuple de par la façon dont elle s’est invitée à ses côtés…

On oscille donc entre découvertes incessantes auprès de Pline et d’Euclès mais avec en fond ce contexte historique passionnant qui donne forcément de la profondeur au récit. Et puis c’est l’occasion pour certains (comme moi !) d’en savoir plus sur cette période de l’histoire. Et comme dirait Pline : “celui qui fuit une occasion de s’instruire est la lie de l’humanité”. Tenez-le vous pour dit !

Les dessins de Mari YAMAZAKI qu’on a déjà la chance de connaître grâce à Thermae Romae sont de très bonne qualité, notamment ceux qui représentent des monuments. Elle rend un bel hommage à l’architecture romaine qu’elle connaît bien puisqu’elle vit en Italie. Mais visuellement et structurellement, ce manga se rapproche plus de la bande dessinée franco-belge tout comme les oeuvres de Taniguchi par exemple.

Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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