Retour vers le passé : Little Nemo - Adventures in Slumberland (1989)

 

J'avoue n'avoir jamais lu l'intégralité des planches Little Nemo in Slumberland, la célèbre bande dessinée de presse de Winsor McCay publiée dans les journaux américains entre 1904 et 1915. Mais à chaque fois que je suis tombé sur les aventures du petit Nemo au Pays du Sommeil, j'ai été émerveillé par la maestria des dessins de Winsor McCay, auteur à l'imagination fertile. McCay fut aussi l'un des pionnniers du cinéma d'animation et il a lui-même animé ses personnages pour la première fois dans un court-métrage datant de 1911.



Après ce premier essai, il aura fallu attendre plus de 70 ans pour que Slumberland et ses habitants prennent finalement vie sur grand écran dans un long métrage d'animation. Projet initié par le japonais Yutaka Fujioka, Little Nemo : Adventures in Slumberland débuta sa production en 1982, avec la création d'un nouveau studio, TMS/Kinetographics, et la réunion des meilleurs talents de l'animation américaine et asiatique. Cette phase de développement a duré de longues années, pendant lesquelles Little Nemo prit presque l'allure d'un "film maudit".

Du côté américain, la production fut longtemps assuré par Gary Kurtz (La Guerre des Etoiles). Un débutant nommé Brad Bird (Le Géant de ferLes Indestructibles...) y travailla même quelques semaines avant de changer de crèmerie. Le scénario connut de nombreuses versions signées, entre autres, par le romancier Ray Bradbury, le scénariste et dessinateur Jean "Moebius" Giraud, Robert Towne (Chinatown) et Chris Columbus (GremlinsLes Goonies). 

Du côté japonais, Hayao Miyazaki et Isao Takahata (c'était avant la création du Studio Ghibli) furent longtemps associés au film avant de claquer la porte, citant les fameuses "différences créatives". Miyazaki a même déclaré que travailler sur Little Nemo fut "la pire expérience de sa carrière professionnelle". Yoshifumi Kondo (Lupin IIITom Sawyer...) et Osamu Dezaki (Astro BoyCobra...) ont chacun livré des tests d'animation.



En 1988, deux réalisateurs furent enfin engagés pour trouver la direction qui manquait au projet. Masami Hata et William T. Hurtz ont rassemblé les concepts concoctés depuis six ans afin de créer un storyboard et de lancer officiellement la réalisation. Little Nemo : Adventures in Slumberland est sorti au Japon en 1989, les U.S.A ont du attendre 1992 et la France 1994. Dans chaque pays, le film connut un échec cinglant au box-office.

Little Nemo : Adventures in Slumberland est un dessin animé inégal, mais tout à fait divertissant. L'addition des nombreux talents qui ont participé à sa création lui donne un charme particulier et leur influence est perceptible dans chaque étape du voyage onirique de Little Nemo, des paysages enchantées de Slumberland aux sombres contrées du pays des Cauchemars, où le jeune rêveur devra délivrer le roi Morphée.



Si le scénario s'éparpille un peu trop et ne s'attarde pas assez sur certains éléments pourtant importants (la relation de Nemo avec ses parents, qui se répercute pourtant sur ses rêves), le film trouve sa force dans son exploration de l'inconscient du gamin et dans une belle compréhension de ses désirs et de ses peurs. 
Après une première partie chatôyante, le long métrage prend une tournure plus sombre et descend de plus en plus profond dans les niveaux de rêves de façon vertigineuse. Un rêve dans le rêve dans le rêve...

Parmi les faiblesses du long métrage, je note une touche "Disneyenne" qui ne fonctionne pas vraiment. Les deux ou trois numéros musicaux des Frères Sherman (Mary PoppinsLes Aristochats...) sont vieillots et l'ajout de l'écureil volant Icarus, le meilleur ami de Nemo, n'apporte rien à l'histoire, qui est plus intéressante quand elle se recentre sur les personnages du comic-strip, comme le farceur Flip, qui se met toujours dans les pires embrouilles et qui représente le côté malicieux de Nemo.



Des personnages enjoués, des visuels enchanteurs, des aventures pétillantes, des ambiances étranges, une animation élégante...mais aussi un scénario désordonné et une caractérisation pas toujours soignée. Des défauts certes, mais aussi beaucoup de magie et d'imagination pour une jolie plongée dans l'univers des rêves...
 
 


Le Doc

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