Chronique : Levius T.1

Découverte de ce premier tome du nouveau seinen des éditions Kana

 

Au XIXe siècle de la nouvelle ère, après une guerre dévastatrice qui a tué son père et plongé sa mère dans le coma, le jeune Levius Cromwell vit avec son oncle Zack. Dans la capitale, un nouvel art martial fait fureur : la boxe mécanique. Des lutteurs équipés de membres mécaniques s’affrontent violemment dans une arène. Levius va y révéler d’étonnantes prédispositions ! 

S’annonce alors un combat au sommet qui pourrait bien avoir des répercussions sur l’avenir de la civilisation…

Titre : Levius T.1
Editeur français : Kana
Date de sortie : 02/10/2015
Dessinateur : Haruhisa NAKATA
Scénariste : Haruhisa NAKATA

Série terminée en 3 tomes

 

Bienvenue dans la nouvelle ère

L'histoire de Levius prend place dans un univers de type post-apocalyptique dans lequel certaines personnes sont dotées de membres artificiels mécaniques qui leur confèrent une force surhumaine. Ce sont ces mêmes personnes qui s'adonnent à un sport visiblement très populaire au 19ème siècle de la nouvelle ère : la boxe mécanique.

Entre son père qui est mort durant la grande guerre et sa mère qui est dans le coma, Levius a en lui une rage qui va lui servir à devenir un combattant hors pair. Dans ce monde imaginaire, on se croirait revenus au temps de la Rome antique mais version cyborg. Ainsi, les foules se déplacent dans d'immenses arènes et assistent à ces combats de gladiateurs modernes.

© 2012 Haruhisa Nakata / SHOGAKUKAN

 

Le monde présenté par l'auteur est un monde gris, froid et violent dans lequel l'espoir ne semble plus avoir sa place. Les dessins très particuliers qui respirent l'univers cyberpunk soulignent d'ailleurs très bien ces caractéristiques. On a même parfois l'impression de voir du Masamune Shirow.

 

Un univers graphique à part

La couverture m'a clairement attiré avec les traits plutôt précis du personnage de Levius et les détails de son bras mécanique.  A l'intérieur, on commence avec une succession de six pages en couleur ton sepia qui pose directement une ambiance assez lourde. Les planches suivantes, en noir et blanc, sont bien plus épurées et agréables même si un détail saute aux yeux : l'auteur a décidé de jouer avec le premier plan et le second plan en ajoutant des effets de flou. Jouer ainsi avec la profondeur de champ est chose rare dans les mangas mais monnaie courante dans les oeuvres audiovisuelles. Ceci a pour effet de détacher un élément du reste et de le mettre en avant.

© 2012 Haruhisa Nakata / SHOGAKUKAN

 

Personnellement, même si j'ai aimé l'idée, j'avoue que je ne suis pas fan de la réalisation de celle-ci car on se retrouve avec un effet trop "numérique" à mon sens, ce qui est déstabilisant et jure un peu trop avec le reste. L'apport artistique est certain mais aussi faut-il y être sensible et y voir une valeur ajoutée.

 

Confusion

Que ce soit au niveau de la narration ou au niveau des dessins, Levius n'a rien de conventionnel et ceci peut être autant une qualité qu'un défaut selon les choix de l'auteur. L'enchaînement des scènes est parfois déroutant car assez brutal et semble même parfois illogique. On a l'impression que l'auteur part un peu dans tous les sens et que le récit lui échappe. A ceci, viennent s'ajouter des dessins souvent confus, notamment lors de certaines scènes d'action.

© 2012 Haruhisa Nakata / SHOGAKUKAN

 

Dans ce premier tome, on passe plus de temps sur la psychologie du personnage de Levius que sur autre chose. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, car cela nous aide à comprendre ses motivations. Par contre, plus on avance dans le tome, plus l'action est présente. Est-ce que la baston sera au centre de la série ou est-ce juste un prétexte à un scénario plus philosophique ? Difficile à dire. Ne pas arriver à cerner les intentions de l'auteur est frustrant pour le lecteur, mais peut se révéler être une bonne surprise au final...patience donc.

 

Un manga pour tous ?

Attention, ceci ne veut absolument pas dire que ce manga plaira à tout le monde ou qu'il peut être lu à tout âge. Cela veut simplement dire que l'auteur, comme il l'explique à la fin du tome, a voulu écrire ce manga non pas seulement pour le Japon mais pour le monde entier. C'est pour cela qu'il a fait le choix de le publier dans le sens occidental de lecture (de gauche à droite donc). Si vous lisez beaucoup de mangas et peu de BD, je peux vous dire que ceci est quelque peu troublant au départ.

Mais à mon sens, cette "mondialisation" du manga dont parle l'auteur ne se limite pas, même s'il n'en parle pas, au sens de lecture. En effet, ce manga ne possède pas le découpage et la dynamique du "style" manga, si on admet qu'il existe. L'explication de l'auteur en fin de tome confirme le sentiment que l'on a eu en le lisant. On a un peu l'impression qu'à vouloir faire rentrer son manga dans cette "nouvelle norme" l'auteur a un peu perdu son identité propre. Je ne suis pas sûr que tous les lecteurs ressentent ceci, mais cela a pourtant été mon cas.

Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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