Critique BD Jeu d'ombres #1

Cette BD est une chronique sociale forte et dérangeante.
Loin du manichéisme habituel pour décrire les banlieues, loin des analyses à froid à postériori, depuis les salons feutrés de journalistes ou de politiques parisiens, elle nous propose une plongée dans le quotidien des lieux et des gens.
On y retrouve sans pathos et sans archétypes surannés des êtres humains qui essaient de s’en sortir avec leurs armes, leur morale et leurs limites.
Comme le texte, le dessin frappe fort, sans concession, mais peut-on encore en faire ?
Quand notre univers prend feu, quand nulle certitude ne perdure, quand les larmes de honte se joignent aux larmes de haine et d’amour, pour grossir un même fleuve prêt à déborder, qui peut faire barrage ?
Je suis curieux de voir dans la prochain tome, si la piste évoquée du politique peut encore aujourd’hui, pour un auteur engagé, ayant vécu dans sa chair bien des situations pour moi inimaginables, s’envisager réellement.
Cette BD est un choc par son âpreté, qui ne fait que rendre compte du quotidien de français, de frères et sœurs dans la fraternité, dont la liberté s’acquiert au prix de mille souffrances et brimades et dont l’égalité reste à conquérir.