Critique BD David, les femmes et la mort

Le silence est-il d'or ou de plomb?

Judith Vanistendael nous livre un roman graphique très juste sur l’impuissance révoltante qu’on peut éprouver à regarder cet homme qu’on aime de tout notre être mourir. Notre père, notre époux. Celui qui choisit d’assumer jusqu’au bout son rôle social de protecteur, de roc, que rien ne semble atteindre : ni la peur de l’inéluctable issue, ni la douleur parce qu'il les tait. Mais le silence, hélas, est parfois plus un fardeau qu'un cadeau.

David est atteint d’un cancer du larynx supra glottique de type T3N26M0. S’il ne peut cacher le diagnostic à sa jeune femme Paula, sa cadette de 9 ans Tamar ni à Miriam, sa fille aînée récemment maman d’une petite Louise, il fait tout de même le choix de leur cacher sa douleur et sa peur. Chacun se retrouvant par là même « seul dans son cocon de tristesse », n’osant la verbaliser, par pudeur, par respect, par amour, par dignité.

Un désarmant et émouvant récit découpé en 4 chapitres – offrant chacun une fenêtre sur l’intime de ses protagonistes – qui s’octroie de très belles aquarelles. 280 pages emplies de tendresse avec parfois même une touche de fraîche naïveté.

Le rideau tombe sur une histoire dont on jurerait qu’elle fut vécue, tant tout y sonne juste et vrai. C’est bouleversant. Merci.