Critique Manga Un si joli mensonge

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Un si joli mensonge

par Sherryn le jeu. 5 déc. 2013 Staff

"Encore une histoire de peintre", me direz-vous. Cependant, Kei Kanai parvient assez bien à tirer son épingle du jeu pour nous proposer un yaoi qui, s'il ne déborde pas d'originalité, parvient néanmoins à nous accrocher et à nous faire passer un très bon moment sans impression de relecture. La preuve que, finalement, il vaut tout aussi bien faire classique mais soigné, qu'original et n'importe nawak (et récemment encore, nous avons eu le même exemple dans l'autre sens avec Shiseigokumon chez IDP, un titre au synopsis fantastique très original mais au traitement complètement ridicule et inintéressant).

Bref tout ça pour dire qu'Un si joli mensonge est une bonne surprise, et qu'il ne faut pas s'arrêter aux éventuels préjugés (pour le public blasé de certains clichés bien connus) induits par le synopsis. L'un des premiers éléments qui permet de comprendre que ce manga ne ressemble pas forcément aux autres, c'est le graphisme. Le trait se distingue aisément de tous ces titres qui semblent avoir été pondus par la même personne tellement le dessin se ressemble. Ici, il y a un je ne sais quoi dans la forme des visages, dans les yeux immenses de Yukari (qui contribuent beaucoup à son air énigmatique) et dans les contrastes parfois violents entre le noir et le blanc, qui attire l'attention. Ce n'est pas que ce soit parfait, mais c'est peut-être ce qui pourrait être dérangeant objectivement, qui fait ici la patte "personnelle" de l'auteur.

Pour la romance aussi, on est surpris en bien. Certes, l'homosexualité tombe un peu du ciel, les personnages ne se posent pas beaucoup de questions. Mais ils ne se jettent pas non plus l'un sur l'autre et ne tombent pas amoureux du premier coup. C'est archi-progressif, pas totalement chaste, mais pas pervers non plus, bien au contraire : la sensualité est assez présente et la romance archi-présente.

Les protagonistes se montrent particulièrement attachants. Yukari est un personnage étrange et intrigant, dont le talent confine parfois, presque, à la folie voire à la douleur. Keiichirô, lui, nous est sympathique de par sa curiosité et sa tendresse naturelle envers Yukari. Le style de la mangaka laisse beaucoup de place à la contemplation, aux silences lourds de signification, ce qui rehausse encore leur expressivité, surtout dans les plans fixes.

Elle a plus de peine pour les passages contenant plus d'action ou une forme de narration compressée, où cela devient parfois confus. Mais le récit, dans l'ensemble, ne souffre que de rares fausses notes et la plupart du temps, on se laisser bercer par cette histoire douce-amère où, bien évidemment, les deux hommes finiront par se reconnaître et se trouver.

S'il n'y a rien de révolutionnaire dans ce manga, et qu'il n'a aucune chance d'attirer un autre public que les yaoistes, il devrait cependant sans peine toucher sa cible chez les fujoshi. En effet, si vous êtes du genre à lire beaucoup de yaoi mais en opérant quand même un tri, alors vous pouvez sans problème mettre ce manga dans votre shopping list, car il est vraiment très chouette et vous fera passer un bon moment de lecture.

En bref

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Un si joli mensonge
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