Critique Manga Hideout

8
Hideout

par _Andrea le dim. 31 janv. 2016

Peut-être ami lecteur as-tu déjà entendu parler de/vu en rayon le manga Green Blood (tu sais bien, la couverture avec ce character design badass de héros de western) ? Peut-être même auras-tu connu Rainbow il y a quelques années ?
Alors il te faut découvrir sans plus attendre le sombre et captivant Hideout. Dessiné de main de maître et totalement immersif.

Il fait froid, il fait sombre, l'âme humaine a des profondeurs aussi noires que les entrailles d'une île maudite. N'attend pas de tripes qui se répandent ou de cervelles qui éclatent, n'attend pas de massacres à la tronçonneuse ou de maison qui parle. Juste laisse-toi aller dans l'ambiance qu'a posé l'auteur, cette pesante ambiance qu'il te dessine sans merci pour te faire ressentir la détresse d'un personnage qui vrille, la tension psychologique qui veut atteindre son paroxysme et qui se sert de la narration avec des flashback pour te retourner encore un peu plus.
La maestria du dessin contribuera à te happer dans cette histoire démente, Masasumi Kakizaki est vraiment un très grand dessinateur. Trop peu apprécié par chez nous.
Doublé d’un scénariste qui à qui on peut reconnaître cette qualité : immerger le lecteur dans l’ambiance qu’il a choisi de monter, et en général elle est pesante.
Ce qui est intéressant dans Hideout est sa gestion des flashback, qui à la fois nous permettent d’entrer réellement dans le parcours du personnage, à la fois de nous donner une illusion de soulagement de liberté, car nous sommes bel et bien pris en otages nous aussi dans cette caverne et les échappées sur le passé sont les seules occasions de revoir le soleil. Mais même la lumière au sens propre comme au sens figuré de ces flashback est une raison d’être oppressé.
Les personnages n'ont rien pour inspirer l'amour. Lui est lâche, elle, est garce. Le drame qui brise leur famille pénible. Les échanges verbaux sont durs, les situations anxiogènes. Le couple était mal assorti, la belle famille insupportable, ect… Autant de raisons de ne pas vraiment avoir envie de sortir, finalement... C’est plutôt marrant comme personne n’a vraiment tort et comme la déchéance de ce couple finira par nous oppresser tant que nous en souhaiterions presque une résolution brutale. Nous serons à ce titre plus que bien servis.
Kirishima a pour sortir de l'horreur ordinaire (qui aurait peut-être largement suffi) succombé à la tentation de donner un petit côté Stephen King à son histoire. Je pense à cet élément mine de rien occulte apportés par tous ces soldats massacrés sur l’île et les rumeurs de villageois. On dira que ça pousse les gens à faire des choses peu rationnelles. C’est un ingrédient de l’horreur plutôt efficace, quoique très convenu.
Au scénario on peut néanmoins reprocher d'autres faiblesses, notamment certains raccourcis faciles.
Mais faut-il se formaliser plus que cela ? Le bilan est somme toute très positif, car avec Hideout, Masasumi Kakizaki nous a signé un seinen plutôt bien pensé et surtout magistralement dessiné, jusque dans les moindres détails.

En bref

8
Hideout
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