Critique BD Grand silence

Un conte fantastique pour parler de l'horreur des violences sexuelles faites aux enfants

Sur une île étrange, une usine nommée "Grand Silence" absorbe les cris des enfants qui ont subi des violences sexuelles qui n'ont plus que des bulles vides pour s'exprimer… mais pas pour crier! Les enfants perdent leurs têtes au sens propre et doivent la replacer sur leurs cous. Seule Maria, la professeur de dessin handicapée, voir les enfants tels qu'ils sont : abimés par les adultes au point de changer physiquement et moralement. Un jour, elle se décide à agir pour que le silence disparaisse.

Cet album est une claque puisqu'il arrive à parler d'un sujet aussi grave que les violences sexuelles faites aux enfants sans violence via un conte étrange. Mais il apparait bien que si aucun adulte ne fait quelque chose, la situation perdurera encore et encore longtemps. Les chiffres donnés en fin d'album sont totalement terrifiants et montrent que chacun d'entre nous croise dans sa vie plusieurs personnes qui ont souffert et, pour la plupart, souffrent encore de ce qu'elles ont subi sans pourvoir en parler. En fin d'album, des références vers des associations spécialisées sont données.

Le conte écrit par Théa Rojzman a trouvé l'illustratrice idéale avec Sandrine Revel avec ses dessins lumineux. Les divers personnages sont parfaitement reconnaissables et très expressifs. La dureté sous-jacente du propos est compensée par la luminosité de la colorisation.

Cet album est un indispensable à avoir dans sa bédéthèque parce qu'il donne la parole d'une façon détournée mais parfaitement compréhensible à ceux qui en ont été privé.