Critique Série TV animée Cowboy Bebop

10
Cowboy Bebop

par Leif le dim. 15 août 2010


L’espace, territoire infini… Combien de fois on nous l’a fait, ce coup-là ? Combien de fois on nous les a promis, les planètes exotiques, les couchers et levers de lunes, les richesses entassées aux confins de trous-noirs ? Combien de fois on nous a rebattu les oreilles avec les vastes étendues d’un cosmos infini dont nous serions les sentinelles, mmmh ? Tout ça pour quoi ? Découvrir que l’avenir, finalement, eh ben ça n’a rien d’une sinécure ? ! Qu’il faut trimer, ramer, traîner ses guêtres d’un spacioport à l’autre juste pour mettre un peu de viande dans les épinards ! Que le « grand univers plein de promesses », là, il a aussi ses parias, ses traines-savates, ses outsiders et ses losers poissards jusqu’à la moelle ; et que ses fameuses richesses, ben on en profite pas beaucoup non plus… Avec un but, encore, je dis pas, ce serait supportable, mais là, y’a plus qu’à embarquer dans la première poubelle volante du coin et à se laisser porter par les évènements… Surtout si la poubelle en question s’appelle « Bebop » !

Recommandé autant pour le novice que pour le connaisseur blasé, CowBoy Bebop reste aujourd’hui encore une série à part dans le monde de l’animation japonaise, dont il reprend pourtant la plupart des poncifs : grands yeux, action, poursuites, gunfights, sang (un peu), femmes fatales (beaucoup), le tout emballé à l’emporte-pièce dans des scénarios quasi-indépendants sans twists surnaturels de derrière les fagots. Classicisme échevelé, hommage décomplexé à la SF Pulp des années 50 et à son imaginaire « foisonnant » (on va dire ça)... Rien de tout cela ne sonne bien sérieux et rien de tout cela ne l’est, alors… A quoi tient le charme de l’ensemble (car c’est bien de charme qu’il s’agit !) ? En un seul et unique mot, aux consonances à demi-mystiques : le Groove… Oui, le Groove, le Cool, le Hype à l’état pur, distillé, tartiné, balancé-juste-ce-qu’il-faut-pour-que-ça-balance, servi par une animation techniquement impressionnante (pour l’époque ; à peine datée aujourd’hui), par des dialogues au second degré délicieusement délicieux (isn’t it ?), des personnages paumés, décalés, humanistes jusqu’au cynisme (et vice-versa, cousins germano-cosmiques de la bande à Corto Maltese), individualistes, nonchalants, désoeuvrés, fatalistes et drôles, toujours en quête de quelque chose qui n’existe qu’au fond de leurs têtes ou confrontés à quelque chose qui n’aurait pas dû exister. Pour autant, Cowboy Bebop ne saurait se réduire à un constant délire pince-sans-rire tant il donne, par petite touche, de fond à ses intrigues parfaitement équilibrées et à ses caractères lunaires peu à peu rattrapés par leurs passés… Le tout (et c’est là la cerise sur le gâteau !) baigné par une musique omniprésente signée Yoko Kanno, plagiaire et réinterprète de génie (parfois associée à la voix incroyablement charismatique du Steve Conte des nouveaux New York Dolls), laquelle s’empare cette fois de classiques jazz, blues et rock old school pour incarner au mieux l’esprit du Bebop. Les vieux de la vieille se régaleront, d’autant que le décalage avec les images ne met que plus en relief l’un et l’autre, catapultant tout ça illico… Vers l’infini, et au-delà !

Alors… Prêts à embarquer ?

En bref

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Cowboy Bebop
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