Critique Mon chat, ma cuisine, et moi 1

MON CHAT, MA CUISINE, ET MOI, ce titre sur le papier avait tout pour me plaire. J’aime les chats, j’aime cuisiner et… je m’aime moi (enfin la plupart du temps). Ajouté d’une auteur coréenne, Han Hye Yeon, il n’en fallait pas plus pour me convaincre.

Après lecture, je suis plus dubitative. Je ne saurais dire si j’ai beaucoup aimé ou pas du tout, ce qui est suffisamment rare dans mon cas pour être souligné.

On fait la connaissance de Jeanne, une presque trentenaire qui se retrouve au chômage du jour au lendemain. Elle vit seule avec trois chats et sa passion gourmande c’est faire de la pâtisserie. Enfin, des gâteaux, très simples et bons. Je suis on ne peut plus d’accord sur sa philosophie qui dit : que rien de mieux que bien se remplir le ventre pour éviter de déprimer. Et quand c’est fait maison, c’est l’antidépresseur garanti.

Chaque chapitre est dans cette logique affiliée à une recette sucrée. Et là, ça devient tout de suite plus brouillon. Pas l’idée qui est très bonne en soi mais la mise en forme. Han Hye Yeon a voulu nous partager chacune de ses recettes en détails, ce qui est sympa pour le lecteur désireux de reproduire ces gourmandises à la maison. Malheureusement, au lieu de nous expliquer le déroulement des recettes via son personnage, celles-ci sont balancées de but en blanc au début, au milieu ou à la fin du chapitre, comme une page bonus si vous préférez, sauf qu’il arrive souvent que ça coupe l’histoire et casse le rythme qui déjà peine à s’installer. Il aurait probablement été plus judicieux de faire un index recettes à la fin du tome ou à la fin de chacun des chapitres. D’autant, et là c’est mon expérience certes d’amateur mais habituée tout de même qui parle, que plusieurs recettes ne sont pas forcément justes. En particulier la technique à employer lors des réalisations, je me souviens de la génoise, de la ganache et de la crème aux œufs. Même les pancakes, ce n’est pas une recette mais un sachet tout prêt à l’emploi. Du coup, mon âme de cuisinière a été mise à mal et j’ai été déçue sur ce plan là.

Autre détail qui peut gêner à la lecture. Le changement brusque du narrateur. Au tout début c’est Sam, le chat bavard de Jeanne qui nous parle, nous décrit sa maîtresse, nous explique son humeur et ses manies, puis c’est Jeanne qui prend le relais, entrecoupé par Sam encore et d’autres personnages qui viennent s’ajouter. J’ai dû parfois relire deux fois une page pour comprendre qui s’exprimait.

Cependant, c’est l’histoire qui prime et l’histoire est agréable. Comme dit plus haut, Jeanne n’a plus de travail. Elle n’a pas encore trouvé sa vocation, elle essaie tant bien que mal de faire bonne figure devant sa famille, sa sœur aînée en particulier. Jusqu’au jour où elle tombe sur une proposition de formation pâtissière. C’est le déclic et même si au début, elle prend cela avec légèreté, elle tient bon et se donne à fond. On devine qu’à partir de là, son métier est enfin trouvé et on s’impatiente de vivre à ses côtés les difficultés que ce chemin amène avec lui.

Sauf que… non. En fait, tout va pour le mieux. Sa formation se déroule sans accroc, sa sœur décide de démissionner pour ouvrir un café à ses côtés. Leurs parents très confortables économiquement parlant, investissent à leur place et en un rien de temps les deux sœurs ouvrent leur commerce et ont des clients. Voilà, FIN.

J’exagère à peine et cette précipitation utopiste m’a laissée baba (baba au rhum^^).

J’aurais aimé lire les galères normales qu’engendrent un tel choix de carrière, surtout à quasi 30 ans quand on est célibataire et qu’on est dans le rouge niveau finances. J’aurais apprécié de voir son apprentissage de la pâtisserie, ses heures à s’entraîner car on ne devient pas une pro du gâteau sans faire des essais répétés à la maison. Qu’elle veuille ouvrir sa boutique, ok, mais dans ce cas j’aurais préféré la voir se dépatouiller un peu dans la paperasserie, avec les banques, bref tous les obstacles que rencontrent un jeune entrepreneur.

Pour autant, j’ai apprécié le style de l’auteur et sa façon très simple de communiquer des émotions. Jeanne est attachante, j’ai aimé partagé son quotidien. Sa sœur aussi. Ses chats sont à croquer, ils font des bêtises mais se montrent plus humains que bien des humains. Les pâtisseries donnent envie. Surtout celles coréennes que je ne connais absolument pas.

Comme dit au début, au final j’ai aimé et pas aimé. Aussi, mon conseil sera de vous faire votre propre opinion, ce titre sera probablement perçu différemment d’une personne à l’autre. Toutefois, je suis curieuse de découvrir d’autres œuvres de Han Hye Yeon. Merci Kana pour ce titre qui sort de l’ordinaire, l’édition est de qualité, ça fait plaisir.

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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