Critique Pornographer 1

Avant d’ouvrir mon exemplaire de Pornographer et à la lecture du synopsis, je m’attendais à une atmosphère dans la veine du sympathique The Dream Land, également paru dans la collection HANA. Le raccourci était facile, je l’avoue, à cause de cet « univers » partagé du porno et ce, bien qu’on nous promettait cette fois-ci une excursion du côté littéraire de la chose. Au final, rien à voir.


La lecture débute avec un étudiant prénommé Kuzumi s’excusant platement auprès de Kijima, un écrivain spécialisé dans la fiction érotique, pour l’avoir renversé avec son vélo. N’étant ni assuré ni suffisamment stable financièrement pour couvrir les frais d’hôpital de sa victime, Kuzumi et Kijima parviennent néanmoins à un compromis singulier ; le premier s’engageant à servir de plume pour poser sur papier l’imaginaire du second. Une collaboration étroite que l’on nous promettait très excitante…


… et pour tout vous dire, c’est plutôt par l’ennui que j’ai été frappé. Quelques mots bien placés suffisent en règle général à m’émoustiller mais ceux du Pornographer passent complétement à côté de leur objectif. La dictée à son nouvel assistant du contenu de son prochain livre est un prétexte tout trouvé à l’écrivain pour étaler toute sa verve grivoise sur le sexe, entre un homme et une femme. Or, le problème est que je n’y détecté aucun réel moment de séduction entre les deux hommes. Certes, le vocabulaire sexuel est abondant - « chatte fourrée », « queue engorgée » et j’en passe - et Kazumi s’en retrouve ridiculement gêné…  mais en quoi la situation est-elle sensuelle ou érotique exactement ? L’alignement de mots les uns après les autres, énoncés avec le plus grand contrôle entre deux hommes a priori hétérosexuels n’est pas exactement le début d’un fantasme torride... Et je dirais même qu’il faut être sacrément sensible pour en rougir.


Nous sommes d’accord,  le but n’est pas que je me paluche pendant ma lecture mais, à titre personnel, je pense que l’autrice est passée à côté d’une belle opportunité pour rendre son travail plus excitant. Naïvement, je m’étais mis en tête que les revues érotiques de Kijima allaient être centrées sur des ébats homosexuels et la lecture de certains passages auraient eu un rendu moins froid. Quoi de plus normal pour, ensuite, mettre en place tout un stratagème et rapprocher le romancier et l’étudiant ? Non, dans Pornographer, on essaie de nous/me faire avaler – oui, je le fais exprès – que le talent de Kijima dans le domaine de l’érotisme hétérosexuel, combiné à une voix à n’en pas douter envoûtante (ou pas), sont suffisants pour déclencher un désir homo chez Kuzumi et in fine, bien évidemment, de l’amour.


La Thérapie de Conversion Homosexuelle Express (TCHE), qu’on va l’appeler. Je recommande, c’est assez miraculeux.


Après tout, pourquoi pas. Il n’a pas l’air terrifié du tout le garçon, en plus. Kuzumi est même du genre à se faire un tas de films après ses séances d’écritures, nous épargnant par ailleurs la séquence éculée de l’étudiant qui se sent tordu ou choqué par ses propres pensées impures. C’est plutôt amusant à lire mais… rien à faire, je cherche toujours à savoir comment on en est arrivé là... ayant l’impression que tout cela tombe du ciel !


Aussi, rien d’étonnant à ce que le rapprochement des deux hommes m’est paru aussi creux qu’ennuyeux, se basant principalement sur l’insécurité d’un timide et naïf Kuzumi et la mise en place d’un rebondissement final assez retord qui prend sa source dans l’ennui qu'éprouve Kijima. L’intention de l’auteur est clairement de choquer, au détriment d’un effort de romantisme ou de sensualité. On se retrouve alors face à une relation relativement malsaine de part la manipulation mise lumière mais dont le traitement demeure totalement froid sur le reste de la lecture.


Visuellement – il n’y a pas vraiment matière à épiloguer – l'ensemble est vieillot et également dépourvu de charme, n’aidant absolument pas à atténuer l’effet frigide de Pornographer. Les décors sont globalement vides, le chara design n’est vraiment pas incroyable. Bref, ça n’est pas fameux.

Charlie One

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