Retour vers le passé : Cujo (1983)

 

REALISATEUR

Lewis Teague

SCENARISTES

Don Carlos Dunaway et Lauren Currier, d’après le roman de Stephen King

DISTRIBUTION

Dee Wallace, Daniel Hugh Kelly, Danny Pintauro, Christopher Stone, Ed Lauter…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Année de production : 1983

L’année 1983 fut un bon cru pour les adaptations cinématographiques des oeuvres de Stephen King avec les sorties successives de Cujo de Lewis Teague, Dead Zone de David Cronenberg et Christine de John Carpenter. King s’est particulièrement impliqué sur Cujo, qui est le premier film (si on met de côté le film à sketches Creepshow qui n’est pas basé sur un de ses romans) à avoir suivi le Shining de Stanley Kubrick, un long métrage que le romancier n’apprécie pas particulièrement (ce qui se comprend…mais ceci est une autre histoire).
En ce qui concerne Cujo, King a suivi les étapes de la production, a même remanié une partie du scénario sans être crédité et accepté que la fin du roman soit changée pour peut-être enfin (car ce n’est pas à 100% évident vu la façon dont le récit s’arrête) offrir un peu d’espoir à ses personnages (le final du livre est très dur, vraiment déchirant, et King a toujours pensé qu’il y était allé trop fort…mais il a aussi avoué qu’il ne se rappelait pas du tout quel était son état d’esprit quand il l’a écrite écrit tant il était imbibé d’alcool à l’époque)…

C’est également King qui a suggéré que Lewis Teague soit engagé à la réalisation après l’éviction du premier réalisateur. Le tournage de Cujo a en effet débuté sous la direction de Peter Medak, l’auteur de L’Enfant du Diable (qui demeure l’un des films d’horreur préférés de Stephen King), avant que celui-ci se fasse virer au bout de deux jours suite à des désaccords avec l’un des producteurs. En bon fan de cinoche de genre, King s’est dit que Lewis Teague, dont il avait apprécié L’Incroyable Alligator sorti en 1980, ferait un très bon remplaçant. Et il avait bien raison…

 

 

Stephen King a eu l’idée de Cujo suite à une situation qui a servi d’inspiration pour l’une des scènes du livre : alors qu’il avait emmené sa moto chez un mécanicien qui vivait selon ses termes “au milieu de nulle part”, il s’était retrouvé face à un immense Saint-Bernard à priori inoffensif mais qui semblait pourtant sur le point de l’attaquer. Un bon point de départ pour un suspense intense qui prend place dans un lieu unique.
Avant cela, King prend bien soin de développer ses personnages, une famille en crise. Vic Trenton, le mari, s’est éloigné à cause de son travail et Donna a trompé l’ennui dans les bras d’un autre homme. Ce qu’elle regrette terriblement maintenant…mais bien trop tard…

Leur fils, Tad, souffre de terreurs nocturnes…et il a également peur du gouffre qui se créé entre ses parents. Une situation familiale crédible, notamment grâce à la très bonne interprétation et aux choix scénaristiques. Le premier acte condense plutôt efficacement les aspects dramatiques du matériel de base et met de côté la petite touche fantastique du bouquin (car il y en a une, même si elle n’est pas l’élément le plus important) pour privilégier la terreur ancrée dans la réalité…la personnification des peurs de l’enfant sous la forme de l’éloignement des personnes qu’il aime plus que tout…et d’un Saint-Bernard enragé…

 

 

Cujo commence de manière bucolique, par une scène où un Saint-Bernard tente d’attraper un lapin qui se réfugie dans un trou dans le sol…là, le brave toutou coince sa tête et se fait mordre par une chauve-souris qui lui inocule la rage. La suite décrit la lente et douloureuse transformation de l’animal, rendu fou par la maladie. Lorsque Donna et son fils Tad se retrouvent bloqués chez le mécanicien Joe Camber après que leur voiture ait rendu l’âme, Cujo a déjà goûté au sang…
À partir de ce moment, la tension est palpable, omniprésente, d’une moiteur étouffante…et elle ne quitte pas l’écran jusqu’au final. Cette dernière demi-heure est une mécanique de suspense implacable, impeccablement réalisée et aux effets spéciaux indécelables.

Dans le rôle de Donna, l’actrice Dee Wallace (qui s’appelait alors Dee Wallace-Stone, car elle était mariée à Christopher Stone, également au générique puisqu’il joue son amant) livre une prestation mémorable et forme un beau duo avec le jeune Danny Pintauro. Pleine de fragilité dans la première de l’histoire, quand elle sent que sa vie de famille lui échappe…forte en mère qui est prête à tout pour sauver son fils, tout en essayant de garder elle-même son calme afin de le rassurer, ce qui est loin d’être facile. Ses démonstrations d’héroïsme maternel lors du point culminant de Cujo sont impressionnantes. Une superbe interprétation de la part de celle qui a souvent joué la mère dans le cinéma de genre des années 70/80 (La Colline des yeuxE.T.Critters…).

Le Doc

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