Critique Bleach

Après quinze années de bons et loyaux services auprès de ses fans, le mythique manga Bleach vient d’offrir aujourd’hui, le 06 septembre 2017, une conclusion à bon nombre de périples ayant marqué l’adolescence d’une foule de lecteurs. Ceci avec la sortie du soixante-quatorzième et dernier volume de la série en boutiques. Une bonne occasion donc de revenir sur l’oeuvre, son évolution, mais surtout ses qualités comme ses défauts. Le tout permettant de tirer un bilan définitif.

Parlons d’abord évidement du scénario avec le postulat de départ. Ainsi, la série permet de suivre les aventures du jeune Ichigo Kurosaki, un lycéen de 15 ans tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pourtant, celui-ci a la faculté de voir les fantômes et les Hollows, ces derniers étant des esprits rongés par la rancoeur et n’ayant pas trouvé le repos. Peu à peu, l’histoire viendra s’étoffer avec l’arrivée de protagonistes et évidemment de Rukia, un shinigami devant donner ses pouvoirs à notre héros pour sa survie, enclenchant de ce fait le véritable début du périple.

Nous voilà alors plongés dans le premier arc de Bleach, une partie se concentrant sur l’intrusion d’Ichigo et ses amis à la Soul Society, lieu de vie des Shinigamis, afin de sauver Rukia condamnée à mort étant donné un non-respect des règles fondamentales de son ordre. Excellent de par sa conception, cette partie du récit reste encore aujourd’hui l’une des meilleures de la série, mettant tour à tour en avant des trahisons, entrée en scène de protagonistes charismatiques et des combats épiques ( Zaraki vs Ichigo ou Byakuya vs Ichigo sont des exemples parmi d'autres). Ingénieux, Kubo offre déjà à ses lecteurs de nombreux rebondissement égayant toujours notre intérêt lors de la lecture, et démontrant que ce chapitre n’est finalement qu’une étape vers quelque chose de plus grand !

Cette chose plus grande prenant directement forme après la fin du précédent arc, soit au tome 21. Notre protagoniste est à présent conscient de ses pouvoirs et en maîtrise une grande partie, de plus, lui et les Shinigamis sont dorénavant alliés envers la véritable menace : Aizen. Ce personnage si singulier et terriblement charismatique aux allures de calculateur, mais cachant surtout une puissance monstrueuse au-delà d’une grande intelligence. Très différent du chapitre Soul Society, cet arc que nous dénommerons Arrancar, laisse l’aspect gestion et politique en retrait pour se concentrer sur les combats. Heureusement, le style de Kubo a déjà bien évolué, malgré sa tendance à négliger les décors qui commence à faire son apparition, les combats prennent donc une autre dimension et tout devient rapidement explosif. En outre, cette partie de l’histoire sera évidemment la porte d’entrée de nombreux visages inoubliables, Grimmjow et Ulquiorra étant les plus célèbres. Malencontreusement, une fois ces deux cités disparus du radar, la fin de l’arc perd en intensité, et se rattrape de justesse avec la mise en avant de Shinigamis rapidement évoqués, puis un final puissant à défaut d'être court.

Arrivée alors au tome 48, Bleach semble avec la conclusion du combat entre Ichigo et Aizen être proche de sa fin, une fin que de nombreux fans auraient apprécier. Et logiquement ce n’est pas le cas, la série revient et offre un arc qui pour les lecteurs est certainement le pire, l’arc Fullbring. Bizarrement cela n’est pas mon cas. J’ai trouvé celui-ci très intéressant, revenant à des bases plus simples et mettant notre héros dos au mur, avec de nouveaux personnages, qui, peu à peu montreront des faces cachées. Ichigo devant récupérer ses pouvoirs perdus lors de la précédente guerre, le scénario se repose alors sur des bases simples, et vis à vis du précédent chapitre cela est un parti pris risqué. Beaucoup de dialogues sont présents et l’action se révèle reléguée au second plan. Logiquement, cela ne sera pas très long et des combats fantasques prendront le rôle principale, surprenant, l’ensemble reste tout de même bon et est souligné par un style de dessin excellent mais avant tout un combat final grandiose. Ironiquement, le meilleur point de cette partie est de faire passer nos héros pour des bourreaux, éliminant rapidement des antagonistes ressemblant plus à des victimes que des combattants, chacun avec une conviction propre vis à vis de la vie.

Finalement, une fois la parenthèse Fullbring achevée, le volume 55 pointe le bout de son nez et avec lui le dernier arc de l’oeuvre, celui de la Guerre millénaire de sang. Opposant Shinigamis et leurs éternels rivaux, les Quincy. Devant clôturer la série, ce chapitre se révèle rapidement spectaculaire et excellent, plusieurs personnages perdent la vie et des combats dantesques prennent la place, offrant à l’occasion de nombreuses révélations sur le passé de nos protagonistes. En outre, cette guerre permettra de découvrir des techniques espérées depuis longtemps par les fans. Kubo amène néanmoins une baisse d’intensité en plein milieu de l’arc et des explications inutiles rendant la lecture parfois difficile. Heureusement, l’auteur possède un style encore plus soigné qu’à l’accoutume et accouche de plans, de combats, de scènes et de passages épiques, faisant exploser la dose de fan-service. Le tout enrobé dans un final certes simplet, mais mettant au moins en avant Ichigo et son pire ennemi en pleine action contre une menace incommensurable.

En somme, sans être parfait, Bleach aura offert à ses fans quatre arcs, chacun différent des autres. Logiquement, toutes les parties ont des défauts et des qualités, pourtant, une fois toutes assemblées comme les pièces d’un même puzzle, nous découvrons un shonen qui n’a jamais vraiment sombré dans le naufrage complet. Au contraire, nous avons droit à une série qui a donné aux lecteurs une dose de combats inoubliables, de personnages charismatiques, de revirements choquants et assurément l’un des meilleurs antagonistes parmi la masse de shonen(s), Aizen. Il est simplement dommage de signaler une fin précipitée par les éditeurs, obligeant son auteur à bâcler certaines parties de son histoire.

Seulement, malgré critiques et autres reproches, Bleach a su rester fidèle à ses origines et proposer un divertissement de qualité à ses fans au-delà de défauts évidents. Ce qui demeure bêtement l’essentiel.

Merci monsieur Kubo pour ces quinze années !

Asagari

Vraisemblablement passionné par le manga mais aussi la culture japonaise depuis mon enfance, je demeure ainsi un féru de la lecture papier au-delà d'un consommateur invétéré de ce genre. Sans réel style favori prédéfini, j'apprécie la majorité des titres car ils sont la recette d'une évasion réussie pour les lecteurs. Une opportunité alors agréable surtout durant des périodes bien sombres comme aujourd'hui.
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