Critique Pochi & Kuro 1

J’ai toujours du mal avec les shônen. Je dois me faire vieille mais la plupart du temps, ils m’indiffèrent (à l’exception de ceux sur le sport). Leur schéma répétitif et couru d’avance me lasse très rapidement, je m’ennuie. Pourtant, la couverture de Pochi&Kuro, nouveau titre paru chez Kaze m’a interpellé et j’ai voulu tester. J’en ressors plutôt satisfaite et agréablement surprise.

Pochi&Kuro où comment nous donner l’envie de manger un humain.

L’histoire prend place dans le monde des démons. Kuro, un démon reconnaissable par sa méga banane capillaire et ses petites ailes noires sur le dos, pêche avec son ami Léo, une sorte de chat de cheshire frankénisé. Blasés l’un et l’autre par leur routine et las de leurs repas quotidiens, ils rêvent comme tous les démons apparemment, de mettre la main sur le mets ultime, un humain. 150 ans qu’ils sont introuvables ici-bas (ou haut, on sait pas trop en fait).

Toutefois, comme le hasard fait bien les choses, v’là-t’y pas que la canne à pêche de Kuro se met à danser. Une drôle de bestiole git au bout de son fil. Incapable de déterminer son origine, Léo regarde dans son encyclopédie des espèces et déclare à sa très grande surprise qu’il s’agit d’une humaine. Miam, miam, vite à la casserole, ou plutôt à la broche. Kuro, maître des flammes, lance un sort de magie pour la cuire, écume aux lèvres quand rien ne se passe. Leur viande reste intacte et crue. Léo se rappelle alors une vieille histoire narrée par son grand-père (me demandez pas comment les démons se reproduisent, j’en sais rien) : les humains sont insensibles à la magie.

D’accord, il va donc falloir utiliser le feu à l’ancienne sauf que Kuro désormais un peu effrayé par les capacités exceptionnelles des humains, tarde à opérer et forcément la viande se réveille. Panée mais pas encore frite, celle-ci comprend rapidement qu’ils s’apprêtaient à la manger. Instinct de survie ou folie, elle fonce contre toute-attente vers le frigo mis à disposition avant de s’atteler dans la préparation de leur dîner. Kuro et Léo, pris au dépourvu, sont intrigués mais incapables de comprendre la langue des humains, ils patientent sans oser l’interrompre. Ils sont bien inspirés, la cuisine qu’elle leur propose les envoie sur l’orbite du plaisir intense. Le pied total, ils dévorent à pleines dents. L’humaine, sensible de leur déplaire s’exprime en gestes et leur demande si c’était bon. Kuro répond par l’affirmatif, ce qui provoque une vive émotion chez l’humaine, un sourire radieux sur le visage. Patatrac, un coup de foudre traverse le cœur de Kuro et le voilà aux prises de Cupidon.

A partir de ce moment ou presque, il n’est plus question pour notre duo de tenter de la manger, enfin pas encore. Cependant, il faut s’assurer qu’aucun démon ne puisse l’identifier. Pochi (prénom trouvé par Kuro pour désigner l’humaine) a manqué peu de se faire dévorer par un énorme serpent, en conséquence il faut la camoufler. Des oreilles de chat, une queue de fourrure, un peu de glu et l’affaire est dans le sac. Reste le problème de comment faire pour communiquer. Paraîtrait qu’un démon a caché un humain durant 20ans la dernière fois, il a dû apprendre comment leur parler. Leur nouvelle destination est donc signée.

En parallèle et dans un endroit fort, fort lointain (ou pas), se présente le prince Ishizu, le fils du roi démon qui déteste son titre de prince. Il déteste son père et rêve de le mettre chaos. Il déteste son rang et toutes les personnes qui osent le lui rappeler. Par un malheureux concours de circonstances ou plus précisément par le choix de l’auteur, son chemin va croiser celui de Pochi et de fils en aiguilles, il va dévoiler la supercherie et logiquement souhaiter la manger. Oh, j’ai oublié de vous dire. Il semblerait que manger de l’humain ne soit pas seulement délicieux, onctueux, savoureux et divin mais aussi un moyen efficace de décupler ses pouvoirs. La chair humaine conférerait une puissance digne du roi démon. Une aubaine pour Ishizu qui veut détrôner son paternel.

Voilà pour le scénario du premier tome, pour le reste, c’est actions et gags garantis. La force de ce titre qui est bienvenu durant cette période estivale tient à ses personnages tout de suite attachants et drôles. Kuro, bien que surpuissant quand il se met en colère, est mignon avec son cœur qui lui fait ressentir des émotions jusque-là inconnues. Il lutte pour comprendre pourquoi c’est la chamade dans ses pensées déjà réduites tout en se laissant dominer par son côté fleur bleue inavoué. Pochi, notre victime humaine est douce et gentille sans pour autant se laisser démonter. Quitte à se battre à mains nues avec le Prince. Léo, notre chat à la tête séparée et d’une force ridicule sait exactement comment embêter son copain mais bien que plus éclairée sur la situation et pas forcément envieux d’attirer une horde de démons à ses trousses, il se retrouve malgré lui embarqué dans l’histoire.

Un trio qui fait mouche. Et un auteur avec un côté déjanté qui laisse son crayon dessiner tout ce qui lui passe par la tête. Comme, le fruit d’abord anodin et délectable qui pleure au moment d’être dévoré, mais qui sauvé in extrémis par la sensible Pochi joue finalement un rôle déterminant quand vient l’heure pour nos héros de se carapater fissa. Impossible de s’ennuyer, il se passe toujours quelque chose.

Le style est plutôt bien adapté, les expressions faciales parlent d’elles-mêmes et dynamisent le texte. Le rythme est bon et soutenu. Le sujet de base est plutôt original et même si rapidement on tombe dans les travers du shônen classique, on oublie parce qu’on passe un bon moment. Ce n’est certes pas le titre de l’année mais je le place dans une très bonne moyenne. A voir si la suite procure la même sensation mais comme la série ne compte que 4 tomes, je ne prends pas énormément de risque, et vous non plus.

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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