Critique Une nouvelle chance 1

En cette chaleur estivale du mois de juillet, les éditions Taifu comics nous proposent de découvrir une toute nouvelle mangaka, Yuiji Aniya, à travers l’un de ses récents titres qui selon l’éditeur va nous offrir le temps de deux tomes un récit émouvant et ponctué d’humour centré sur la reconstruction d’un amour perdu. Publié de 2014 à 2016 dans le magazine On Blue, qui a vu naître la saga de Kii Kana, sous le titre de Mou ichido nande demo, la série a connu un large succès auprès des lectrices nippones et fait ainsi partie des titres les plus populaires dans le Kono Bl Ga Yabai de 2017. Autant vous dire qu’avec une telle publicité, on finit par avoir certaines attentes en termes de qualité et donc la déception est d’autant plus grande lorsque le titre n’y répond pas. Ce fut malheureusement le cas ici, l’expression « il y a erreur sur la marchandise » reflète bien le sentiment que m’a laissé la lecture du premier tome.    

« Je sais que je te retrouverai, Tarô…et que je tomberai à nouveau amoureux de toi »

Si vous étiez amenés à perdre la mémoire, souhaiteriez-vous qu'on vous rappelle votre passé, ou qu'on vous laisse reconstruire seul le puzzle de votre vie... quitte à oublier définitivement certaines pièces ?
Après un accident qui lui fit perdre la mémoire, Takahiro se réveille en ayant oublié les deux dernières années qui se sont écoulées. Durant ce laps de temps, le jeune homme avait pourtant construit une solide relation avec son camarade Tarô. Mais voilà, en un instant, tout s’est envolé pour eux... La vie leur laissera-t-elle une seconde chance ? Le destin qui les avait réunis décidera-t-il de les séparer ?

« Tout tourne autour du sexe »

Les toutes premières pages sont là pour introduire très brièvement l’idée de base du récit à savoir celle d’un amour perdu pour ensuite nous ramener deux ans en arrière au moment où nos deux héros vont voir leur relation prendre un tout nouvel essor. Tout va très vite dans cette première partie de tome puisque l’un des protagonistes va tout simplement proposer à l’autre de devenir sex friends, ce qui aura pour conséquence de le déstabiliser et de très vite succomber à la tentation lors d’une une soirée bien arrosée. On a malheureusement l’impression que tout tourne autour des scènes de sexe, l’auteure privilégie ces dernières au détriment de son histoire en évoquant que très succinctement des éléments qui auraient permis de donner de la profondeur aux personnages, aux sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre et tout simplement de nous donner envie de suivre leur romance. Yuiji Aniya nous dépeint un tableau bien trop grossier dépourvu de surprise, de séduction et d’érotisme rendant le tout peu crédible et décevant. Quand on nous vend une histoire d’amour, il faut au moins y mettre les formes… Là on se retrouve juste avec des dialogues crus, des scènes de sexes qui n’ont rien d’excitant, un personnage qui arrive trop facilement à ses fins et un autre qui oublie très vite son sister complexe. En gros rien n’est en tout cas fait pour nous aider à nous plonger dans l’ambiance du récit, on peut difficilement faire plus simpliste et plus vulgaire surtout durant certains passages ; pour vous donner une idée, je cite « je me suis dit que quand tu boirais mon sperme, ce serait plus cool pour toi qu’il soit sans nicotine » Je ne sais pas vous mais moi ce genre de phrase me refroidit plus qu’autre chose…Elle est où la romance là dedans ?        

«Un manque d’inspiration flagrant »

Malheureusement la deuxième partie ne relèvera pas vraiment le niveau. Toute de suite après que Tarô nous avoue qu’il est fou amoureux de son lubrique Takahiro, on fait un bond de deux ans plus tard où on nous explique en deux lignes que notre petit couple ne s’est jamais disputés, qu’ils se sont installés ensemble et qu’ils coulent des jours heureux comme le feraient de jeunes mariés. On en revient alors à l’idée de départ avec ce drame affreux qui frappe l’un des personnages qui du coup perd tous ses souvenirs. Et force est de constater qu’encore une fois l’auteure zappe littéralement tout ce qui est important et en revient encore et toujours au sexe. Au lieu de nous servir un Takahiro bouleversé d’avoir perdu celui qu’il aime de façon un tant soit peu touchante et réaliste, il se montre impassible au départ et on le voit ensuite se donner du plaisir en matant une de leurs anciennes sex tape…Ce n’est pas vraiment ce que j’avais imaginé… Après tout n’est pas noir non plus, elle se rattrape un petit peu avec Tarô qui se montre sincèrement désemparé par la situation, d’un côté il ne comprend pas trop pourquoi il est attiré par Tarô et d’un autre côté il n’a pas envie d’être à nouveau spoiler comme il l’a été avec l’un de ses proches. Pour ma part, c’est insuffisant surtout qu’en plus le titre retombe complètement dans ses travers dans les toutes dernières pages… Elle est où l’émotion là dedans ?

Graphiquement, ce n’est pas franchement pas une réussite. Brouillon et bien souvent vulgaire, le trait de Yuiji Aniya est à l’image de l’histoire qu’elle nous raconte et déforce encore un peu plus cette dernière. Moi qui habituellement trouve toujours un certain charme aux graphismes, ce ne fut pas le cas ici. Quant à l’édition, on peut déplorer l’absence de la page en couleurs habituellement présente dans tous les titres.  

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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