Critique Kasane – La Voleuse de visage 8

On sent que le récit prendra bientôt un tournant décisif avec d'une part une Nogiku qui peut désormais échafauder le plan de son ultime vengeance et une Kazane plus déterminée que jamais à surpasser sa mère sur les planches. L’une comme l’autre n’auront probablement qu'une seule chance de réaliser leur vœu le plus cher. Qui l'emportera ? Le suspens est plus que jamais de mise et il faut le reconnaitre qu’on trépigne encore une fois d’impatience de découvrir ce qui nous réserve ce nouveau tome orné d’une sublime couverture. La couleur pourpre du sang sied tellement bien à notre chère Kasane !   

 Si Kasane a toujours réussi à briller sur scène en interprétant avec talent les rôles qui se sont offerts à elle jusqu’à présent grâce notamment à son don inné pour se fondre complètement dans son personnage sans trop de difficulté et parvenir à retranscrire toute la complexité de la psyché et des émotions de ce dernier livrant ainsi une prestation éblouissant public et grands du métier, on sent qu’elle s’est lancé un défi de taille en voulant jouer le rôle de Lady Macbeth et donc on prend grand plaisir à la voir éprouver pour la première fois autant de difficultés à saisir certains passages de la pièce. Il est toujours très agréable de voir une auteure mettre à mal son héroïne afin de la pousser à se remettre en question et à la faire évoluer. Cette nouvelle pièce dégage donc une toute autre aura que les précédentes rendant ainsi les répétitions très prenantes sans oublier que Daruma Matsuura ajoute une dimension plus qu’angoissante à ces dernières puisqu’il s’agit du rôle qui a causé la perte de la grande Sukeyo et que notre héroïne doit également faire très attention à ne pas éveiller les soupçons de son amant d’autrefois. Il y a donc énormément d’enjeu et de pression qui pèsent sur les épaules de Kasane qui finit par se brûler à trop vouloir jouer avec le feu. En effet, sa capacité à se plonger corps et âme dans son interprétation va pratiquement causer sa perte, on a presque retenu son souffle en découvrant une Kasane délirante qui s’est laissé envahir par ses propres fantômes. On ressort encore une fois complètement captivé par ce passage qui bénéficie en plus de tout ce que je viens de citer d’un beau cadre puisque non seulement cette pièce de Shakespeare vu à travers les yeux de notre héroïne est absolument passionnante mais en plus l’auteure s’est employée à nous faire réellement ressentir toute la complexité de l’interprétation d’un des rôles féminins considérés comme l’un des plus difficiles par les professionnels du métier, rien que ça !

Il n’y en aura pas que pour Kasane dans ce tome puisque Nogiku va elle aussi nous en mettre plein la vue en la jouant très finement afin de gagner définitivement la confiance de Kasane mais également celle d’Habuta. Si cela nous semblait impossible jusqu’à présent avec un Habuta qui a toute de suite compris à qui il avait affaire, l’auteure est encore une fois parvenue à se montrer convaincante en tirant parti des faiblesses de son héroïne et ainsi éviter de tomber dans la facilité en la faisant passer pour ce qu’elle n’est pas à savoir un génie de la manipulation. Le résultat est bluffant avec une Nogiku très consciente de ses limites, prête à tout pour accomplir sa vengeance fomentant un plan d’une simplicité déconcertante mais dévastateur en cas de réussite. Ce huitième tome se conclut donc sur un suspens infernal nous rendant plus que jamais impatient de lire la suite !   

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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