Critique À la folie... pas du tout ! 1

A la folie… Pas du tout. En voilà un concept marrant ! A mi-chemin entre le manga classique et l’artbook, le recueil de Sora Ono regroupe les deux tomes de la version d’origine, la première intitulée Parle à ma main tandis que l’autre porte comme simple titre Le Mur.


PARTIE 1 : L'AMOUR, CE SPORT EXTREME


Parle à ma main nous immerge dans une multitude de situations de couple a priori toutes communes, prenant d'un coup sans prévenir un virage aussi loufoque que violent et est sans aucun doute la moitié la plus inspirée et réussie de ce oneshot.


Vous avez probablement déjà ressenti dans la vie de tous les jours cet agacement qui vous fait monter la pression, cet énervement à vous en faire bouillir le sang, ce ras-le-bol qui vous rend fou au point de fantasmer d’emplâtrer la personne qui se trouve en face… Non ? Ce n’est que moi alors mais il n’empêche que c’est à cela que je rapprocherai cette première partie que j’ai trouvé très drôle et thérapeutique. Avec une mise en image incroyablement vivante et dynamique, Sora Ono applique à la lettre le titre de son livre à une série d’instantanés en 2 ou 3 temps où des garçons et des filles passent d’un extrême à l’autre. Sans cautionner la violence dans quelque situation que ce soit et encore moins celle au sein d’un couple, il faut pourtant reconnaitre que l’auteur possède un excellent humour caricatural et un certain talent pour illustrer ces pulsions violentes qui peuvent nous polluer l’esprit. Certaines planches arrivent même à prendre de court en changeant partiellement la formule qui se veut - forcément - répétitive. Un bel exercice de style. Petite pécision au cas où... Ceci n’est évidemment pas à reproduire à la maison ou ailleurs (encore plus si vous avez le sang chaud), cela pourrait vous causer quelques soucis !


PARTIE 2 : LE HARCELEMENT, CE FLEAU


La seconde partie du volume en revanche a beaucoup moins résonné avec moi… Pas du tout, même. Le Mur bifurque autant dans le style narratif que dans l’illustration et offre un mode d’emploi décalé aux garçons pour, disons, piéger la proie de son choix contre un mur pour parvenir à ses fins. Diverses techniques sont proposées, détaillées et expliquées. Certaines très réalistes, d’autres beaucoup plus fantaisistes, toujours avec cette violence présente au premier plan. Pourtant, l’effet n’est plus du tout le même. L’évocation des comportements de l’homme devient plus sombre et met mal à l’aise par l’absurdité de la mise en scène. Si les filles et garçons étaient placés sur un pied d’égalité dans la première partie pour une force comique indéniable, celle-ci met avant tout l’accent sur l’aspect prédateur de ces derniers et l’humour des débuts s’en retrouve quasiment complètement évaporé. C’est bien simple, l’on arrive à décrocher un sourire lorsque la fille parvient à retourner la situation. C’est-à-dire pas très souvent. Malheureusement, même si l’on se doute que l’auteur cherche à dénoncer le harcèlement, le choix artistique est maladroit et gâche le plaisir dans l'ensemble.


BONUS : PRIX ATYPIQUE POUR UN MANGA QUI L'EST TOUT AUTANT


Petit apparté sur le format choisi par l'éditeur que l'on comprend autant qu'on le regrette. Les tomes d’origines comportant peu de pages, leur compilation fait bien évidemment sens, donnant un tome d’une épaisseur correcte (environ 160 pages). Un nombre de pages encore un peu court compensé par une taille moyenne, des textes en couleurs et une jaquette "haut de gamme" mi-opaque, pensée pour coller au titre du oneshot. Seulement le tome est tout même vendu pour la modique somme de 15 euros et quand la seconde partie n’est clairement pas à la hauteur de la première, on se dit qu’on aurait préféré avoir une sortie en deux tomes plutôt qu’un...


 

Charlie One

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