Critique Love stories 1

Love Stories, la première série de Tagura Tohru qui s'est annoncée timidement dans la collection Yaoi de Taifu Comics. On suit l'histoire de Hasegawa, un lycéen banal qui découvre l'homosexualité d'un de ses camarades de classe dont il ignore tout. A force de se questionner à son sujet, il va finir par s'y intéresser beaucoup plus qu'il ne le pense...

Si vous êtes fans des romances rapides où les personnages sont dès le début ensemble ou très vite, Love stories n'est pas fait pour vous. Car il y a un véritable fond, l'intrigue prend tout son temps et la romance n'est absolument pas ce qui prime dans ce premier tome. En réalité, elle est même quasi-inexistante. Ce qui va dominer, ce sont les sentiments humains, la découverte de soi, l'acceptation de sa propre identité sexuelle, la peur du regard des autres... Ce genre de choses qui peuvent traverser les jeunes gays qui n'osent pas sortir du placard.

Et c'est vraiment, extrêmement agréable à suivre. Après l'avoir reçu, je l'ai directement feuilleté rapidement, et j'avais le sentiment que je n'allais pas apprécier. Pourtant, après avoir pris la peine de le lire, il s'est avéré que c'est un véritable coup de cœur.

Hasegawa, lorsqu'il découvre que Yoshinaga est gay, va beaucoup s'y intéresser. Tout au long du tome, il se pose énormément de questions sur lui, sur ce qu'il peut ressentir en tant que gay et comment les autres le voient. Lorsqu'ils vont devenir amis, il va tenter de lui montrer qu'être gay n'est pas une tare, qu'il n'y a aucune honte à aimer, même s'il va le faire timidement. Il est très crédible en réalité, car on sent qu'il est gêné par la situation, qu'il ne sait pas comment faire ni comment l'aider à s'accepter. Il va tenter de rester à ses côtés, comme un véritable ami. Il n'aura pas de réactions démesurées ou que l'on ne voit que dans les mangas. Il n'y a pas non plus le coup classique de l'hétéro qui découvre son homosexualité lorsqu'un de ses amis lui apprend qu'il est gay. Après, il se peut que par la suite, ça tourne de cette manière (c'est même fort probable), mais c'est fait tellement naturellement, lentement que ce ne serait pas gênant : ça en serait presque logique.

Puisque Hasegawa s'attache fortement à Yoshinaga. Il ne le dit jamais explicitement, mais on sent qu'il s'y intéresse de plus en plus, et qu'il réagit de plus en plus lorsqu'il le voit proche d'autres personnes. Et sincèrement, je ne m'attendais pas du tout à ce que le scénario tourne de cette manière.

De son côté, Yoshinaga est très représentatif du gay adolescent par excellence. Il tombe amoureux d'un de ses amis, le garde pour lui et dénie ce qu'il est, car il n'arrive pas à se trouver normal. Il tente de le cacher de peur d'être rejeté, mais aimerait pouvoir se libérer de ce poids qui lui pourrit la vie. C'est un jeune homme assez intelligent, qui se questionne beaucoup sur lui-même. C'est typiquement le genre de personnage agréable à suivre, pour qui on éprouve énormément d'empathie. C'est également un personnage auquel on peut s'identifier, et je pense que c'est ce genre de manga dont on a besoin en France, des mangas (Yaoi) qui parlent réellement d'homosexualité, que ce ne soit pas qu'une excuse pour montrer deux hommes s'envoyer en l'air.

D'après l'auteure, sa série devrait se terminer en 3 tomes, de quoi suffisamment développer son histoire pour la sublimer. J'en attends beaucoup de la suite, déjà parce que j'aimerais savoir comment va évoluer la vie amoureuse de Yoshinaga, mais également pour savoir si cette ambiance magique de ce premier tome sera encore présente dans la suite, et si l'auteure développera toujours autant son histoire.

Niwo

Grand fan de philosophie et de psychologie, je préfère les séries assez profondes avec une certaine maturité. Je lis des mangas depuis ma tendre enfance et depuis je n'ai jamais arrêté de m'y intéresser. J'ai besoin qu'on me force à réfléchir et remettre en cause la société dans laquelle on vit pour réellement apprécier une oeuvre (Inio Asano entre autres.).
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