Critique The Ancient Magus Bride 6

Une pie appelle Chise pour une balade en ville


Pas dépaysant ou frustrant, ce tome qui se brûle d’impatience entre nos mains, s’ouvre à la fin exacte du dernier tome. Alice, l’apprentie de Renfred, quémande en catimini un rendez-vous avec Chise. Celle-ci, mignonne tête de linotte et affectueusement naïve s’éclipse donc de son logis. Espérant profiter d’une distraction entre son mentor et un facteur hors du commun, elle embarque pour la grande ville de Londres. C’est la veille de Noël et Alice échoue seule à trouver le cadeau idéal qui ferait plaisir à son maître magicien. Chise, dubitative d’une fête dont elle ignore tout, se laisse guider dans les boutiques et accepte avec joie de jouer les chasseuses de trésor.

Avouons-le, nous sommes ravis. Ces retrouvailles avec Alice le temps d’une longue journée, cette jeune femme un peu maigre et rebelle, sont comme une charmante surprise. D’autant que, poussée par la curiosité de Chise et par leur bienvenue complicité, la demoiselle se livre à cœur ouvert. Elle dévoile avec tendresse son passé, notamment sa rencontre avec Renfred. J’ai désormais un regard plus doux à l’égard de ce personnage qui m’apparaissait antipathique. L’origine de sa cicatrice au visage y est probablement pour beaucoup.
Elias, de son côté et épieur en secret, réagit de manière bien étrange et même si le lecteur comprend pourquoi, je ne l’écrirai pas. Je m’en voudrais d’embarrasser par trop d’enthousiasme ce duo de timides maladroits.

Une fois de plus, Kore Yamazaki réussit à nous transporter dans son monde entre le rêve et la réalité. Ce tome bien plus ancré dans le monde des humains, -pas trop de magie ici, Chise est en convalescence- ne fait que mettre en avant la relation installée entre l’enfant de l’ombre et l’humaine singulière. Si Elias se ronge les ongles dès qu’il se retrouve éloigné trop longtemps de sa fiancée, l’inverse se ressent. Si bien que le lecteur lui-même supporte difficilement leurs séparations. On voudrait qu’ils soient continuellement ensemble. Pour ma part, je n’arrive plus à les imaginer 1+1 mais plutôt 2=1. C’est tous les deux réunis qu’ils forment un et c’est en cela que repose toute l’histoire. On a soif d’eux deux, on a faim d’eux deux, jamais rassasiés, jamais repus, on attend le prochain plat, puis le suivant et ainsi de suite. Et on sourit discrètement face à l’inexpérience commune des deux tourtereaux. Néanmoins, je dirais que globalement dans ce tome c’est Elias le plus touchant.

Comme « un enfant à qui on aurait pris son jouet »,


il encaisse un peu mal les nouvelles amitiés de Chise et s’emporte silencieusement devant un manque qu’il ne comprend pas. Il s’interroge –qu’est-ce qu’une famille ?-, il bougonne inconsciemment, il grogne même mais peut-être a-t-il raison de se méfier des étrangers car la fin du tome 6 augure le pire des scénarios pour la suite. D’un autre côté, peut-être se montre-il possessif à cause de ce collège où il refuse obstinément d’envoyer Chise. Ou encore autre chose mais chut, laissons-le se dépatouiller dans des sentiments qu’il n’arrive pas à nommer. Et autorisons notre imagination à déborder et conjecturer quelques vers pour ce poème aux dessins raffinés.

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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