Critique Qualia Under the Snow 1

Je ne l’avais pas vu venir mais Taifu s’est débrouillé pour dérober Qualia Under The Snow à leur concurrent en charge de la Hana Collection (incluant les maintenant incontournables L’étranger de la Plage et L’étranger du Zephyr) !! Mais on ne peut que les comprendre car Kanna Kii est une auteure à avoir dans son catalogue ! Et ce nouveau manga de l'auteure le confirme encore une fois.

Qualia Under The Snow commence pourtant de façon relativement classique, nous introduisant à un duo de jeunes hommes qui a priori n’ont rien en commun, si ce n’est d’être tout deux étudiants et habitant dans le même foyer universitaire. L’un d’eux, Akio Kobayashi, est carrément plus intéressé par ses plantes que par les relations sociales, avec filles ou garçons, tandis que le second, Umi Ôhashi, gay et fier de l’être, enchaine les aventures d’un soir.

Le rapprochement improbable des deux garçons, développé au gré de cet épais volume, n'est en revanche pas aussi convenu que l'on pouvait le craindre. Du moins, je n’en ai pas eu l’impression ! Empreint tour à tour de douceur, de tendresse, de mélancolie et de poésie - caractéristiques de l'ambiance de ses travaux - l’histoire de Kanna Kii aborde un éventail de sujets qui ne sont pas forcément simples. Comme la construction de son indenté lorsque l’on est homo et que les autres sont considérés comme normaux. Ou comme la séparation familiale, à cause d’un père qui ne trouve rien de mieux que d’abandonner ses enfants. Ou comme la première réelle déception amoureuse dont le dénouement hante le reste de la vie sentimentale.

Des thématiques fortes donc, sublimées par une immersion d’autant plus fluide et puissante que l’aspect graphique est sans surprise maitrisé à la perfection. Celui-ci exploitant les saisons, au moyens de fonds travaillés et détaillés, pour illustrer le renouveau de ses personnages tentant de s’émanciper de leur passé douloureux. Des personnages qui, par ailleurs, sont aussi très finement dessinés, indéniablement attachants et arborant des expressions variées qui communiquent avec authenticité leurs différentes émotions et leur attachement mutuel.

En somme, c'est très bon et pour le peu d’éléments qui m’auront déplus ou déçus, l’on ne citera que la ressemblance un peu forte dans le chara design entre Akio & Umi et les amants de l’Etranger de la Plage et cette propension à qualifier les personnes hétérosexuelles de « normales ». Mais bon, la qualité de la relation narrée l’emporte sur tout le reste.

Je m'autorise, au passage, une parenthèse sur l’aspect purement esthétique de l’objet car je dois dire que Taifu a fait un superbe travail et notamment pour leur logo. Il semblerait qu’il s’agisse de celui utilisé pour les histoires typées shonen-ai mais, très sérieusement, je ne peux qu’encourager l’éditeur à actualiser celui apposé sur les Yaoï explicites. A titre purement personnel, le pictogramme violet me donne en effet l’impression d’avoir à faire à une série de mauvaise qualité. Et c’est moche. Alors que là (!), l’emblème Taifu Yaoi est sobre, clair, bien plus moderne et surtout je suis fier de pouvoir l’afficher dans ma mangathèque.

Charlie One

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