Chronique : Assassins 1

Ma voisine la tueuse

Tout commence par une scène de bonheur familial mais cela ne va pas durer. Désormais, Hitomi vit seule avec son petit garçon de 10 ans, Jinsuke. Elle a perdu son mari et se prostitue pour offrir une vie décente à son fils. Mais le passé va vite la rattraper et un soir, alors que la mère et le fils se témoignent mutuellement leur amour dans leur appartement, un inconnu abat Hitomi sous les yeux de son fils.

Alors que celui-ci était également destiné à mourir ce soir-là, leur voisine Suzuki sonne à la porte pour leur dire de faire moins de bruit, chose qu’elle fait régulièrement. Mais Suzuki n’est pas une jeune fille comme les autres : c’est une tueuse à gage. Elle arrive à retourner la situation à son avantage et à tuer l’inconnu.


© 2014 by HIROHISA SATO / NSP Approved Number ZCW-58F


Elle va donc se retrouver avec un orphelin sur les bras, chose qui l’embarrasse au plus haut point. Elle veut donc faire en sorte que cette situation ne dure pas mais comment laisser un garçon de 10 ans livré à lui-même, même quand on est une tueuse qui a l’habitude de refouler ses sentiments ? Mais surtout, elle va se retrouver impliquée dans cette histoire dont elle ignore tout et va vite se rendre compte que les personnes ayant commandité le meurtre de la mère de Jinsuke n’en ont pas fini avec eux...

Si vous êtes cinéphile, vous ne manquerez pas de remarquer la ressemblance du scénario d’Assassins avec celui de Léon, le film de Luc Besson sorti en 1994 avec Jean Réno et Natalie Portman. Même si le manga ne prend pas exactement la même direction par la suite, il est difficile de croire que l’auteur ne n’est pas inspiré du célèbre film. Du coup, même si c’est relativement original pour un manga, cela ne le sera pas forcément pour ceux qui connaissaient Léon.

 

Une histoire touchante… mais pas que

L’auteur rentre dans le vif du sujet dès les premières pages du manga. Il crée un contraste entre les premières pages en couleur qui représentent le bonheur d’une famille et la suite qui est beaucoup plus noire. Sur la dernière page couleur, les tons sont d’ailleurs beaucoup plus ternes ce qui colle parfaitement à l’ambiance puisque la vie de Jinsuke et de sa mère a complètement basculé un an après.

On ne peut qu’être touché par ce qui arrive à Jinsuke qui se retrouve maintenant orphelin. L’auteur s’attache à donner du réalisme à son histoire avec la réaction de Jinsuke face à la mort de sa mère. En effet, il fait un déni au départ et ne réalise pas qu’il ne reverra plus jamais sa mère. C’est vraiment une scène poignante. Mais malgré ce côté dramatique, l’auteur ne nous sert pas que du pathos et l’histoire va rapidement aller de l’avant, notamment grâce au personnage de Suzuki.


© 2014 by HIROHISA SATO / NSP Approved Number ZCW-58F


Alors que l’auteur aurait pu nous en mettre plein les yeux avec beaucoup d’action (le scénario s’y prête très bien) et de violence, il se concentre plutôt sur l’évolution de la relation entre le petit Jinsuke et la tueuse à gage. Cette “retenue” est à mon sens une réelle qualité car cela donne d’autant plus de poids aux scènes d’action et à l’intrigue concernant l’origine de l’assassinat de la famille de Jinsuke. L’auteur jongle habilement entre action, intrigue et évolution de la relation entre les deux personnages principaux, ce qui en fait un histoire vraiment agréable à lire et qui semble avoir un vrai fond.

Il plane également un mystère autour du personnage de Suzuki puisqu’on ne sait rien d’elle et de son passé mais il sera encore temps de le découvrir par la suite.


Pas vraiment la tête de l’emploi !

Le fait qu’on ait affaire à une tueuse à gage est une bonne idée mais je dois bien avouer que ce personnage m’est apparu comme le moins crédible de l’histoire. Non pas par son attitude mais par la façon dont il a été dessiné. Suzuki est censée être une tueuse froide, sans sentiment mais elle a été dessinée de manière trop classique, tout en rondeur. Elle aurait pu avoir n’importe quel profil, ce serait passé ! Alors oui, cela rajoute encore un peu de contraste avec l’image qu’on peut avoir d’un tueur à gage mais de là à se retrouver avec un personnage à l’allure de gamine… c’est dommage je trouve.

Heureusement, ce détail ne gâche pas ce premier tome et certains n’y feront sûrement même pas attention mais il était bon de le noter.
 

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Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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