Chronique : Platinum End T.1

Nouveau titre de la poule aux œufs d’or qu’est le duo Takeshi OBATA/Tsugumi OHBA, auteurs à l’origine de Death Note ou encore Bakuman, tous deux parus chez Kana, Platinum End a littéralement chamboulé la toile dès l’apparition de sa première illustration. Aujourd’hui, après une publication des chapitres au format numérique par Kazé Manga (toujours en cours), c’est le premier tome relié que nous découvrons.

Notre histoire débute avec Mirai, un jeune lycéen ayant perdu ses parents et vivant actuellement chez son oncle et sa tante. Il est au bord du gouffre depuis des années et souhaite aujourd’hui mettre fin à ses jours afin de quitter ce monde qui n’a pas su l’accueillir et lui procurer un seul instant de bonheur. Mais lors de sa chute, il vient à faire la rencontre d’un ange nommé Nasse, qui lui confère des pouvoirs dans le but de lui redonner espoir et lui permettre d’accéder au bonheur auquel il aspirait. L’ange lui apprend alors que ses parents ont été assassinés. Instantanément et souhaitant connaitre la vérité, il use de ses nouvelles capacités sur les responsables et cause par mégarde la mort de l’un d’entre eux. Il se sent alors bien vivant pour la première fois, libéré d’un poids. Cependant, l’ange ne lui a pas encore tout dévoilé et lui annonce qu’il est l’un des 13 candidats potentiels pour remplacer le Dieu actuel. C’est alors qu’il apprend le meurtre d’un des prétendants signalant le début d’une chasse aux prétendants !


PLATINUM END © 2015 by Tsugumi Ohba, Takeshi Obata / SHUEISHA Inc.


Fini les horrifiants dieux de la mort, faites place à des anges aux corps sublimement sveltes agrémentés d’ailes d’une beauté incroyable !
En débutant le tome, on s’attend à suivre un héros dépressif et agaçant tant il ne semble pas vouloir prendre sa vie en main afin de l’améliorer. Cependant, au bout de quelques chapitres, voire quelques pages, il se révèle finalement un tant soit peu attachant puisqu’il finit par retrouver l’envie de vivre, présentée telle une renaissance qui frappe le lecteur de plein fouet grâce au savoureux dessin de Takeshi OBATA. Mais plus intéressant encore, il en devient intriguant puisque malgré ses hésitations et son sens moral qui lui dictent de ne pas tuer, il retrouve cette vivacité dans le meurtre d’un être à l’origine de son malheur. On se pose alors quelques questions sur sa stabilité mentale.
Néanmoins, le personnage de Nasse, l’ange aux côtés de Mirai, s’annonce encore plus intriguant ! Arrivée de nulle part afin de choisir Mirai (ce qui nous est certes brièvement expliqué dans ce tome), elle annonce les informations au compte-gouttes, feignant parfois l’oubli mais surtout, elle pousse régulièrement Mirai au vice, prétendant que c’est pour son bonheur. Agit-elle par réelle compassion pour Mirai ou cache t-elle des intentions moins louables ?
Troisième personnage assurément récurrent : Métropoliman, un lycéen également accompagné d’un ange et se faisant passer pour un héros justicier. On ne sait que peu de choses à l’heure actuelle sur lui. Cependant, il semble prendre plaisir à tuer avec les pouvoirs qui lui ont été conférés et lance clairement les hostilités entre les prétendants au poste de Dieu.


PLATINUM END © 2015 by Tsugumi Ohba, Takeshi Obata / SHUEISHA Inc.


Les bases de l’histoire se posent donc petit à petit et nous sommes embarqués dans cette lutte qui s’annonce d’ores et déjà féroce. Tsugumi OHBA nous surprend une nouvelle fois par sa capacité à nous maintenir en haleine au fil des chapitres et à façonner ses personnages afin de les rendre toujours intéressants. La fin du tome est véritablement un coup de massue pour le lecteur, nourrissant son impatience de lire la suite. Il est vrai que certains points du scénario ainsi que des personnages ne sont pas sans rappeler ceux d’autres titres déjà parus. Certains feront référence à Death Note, une des séries phares du duo, sûrement à cause de cette même capacité à provoquer la mort d’autrui grâce à des pouvoirs « divins » conférés ici, non pas par un Dieu de la Mort via un carnet mais directement par un ange. D’autres parleront notamment parmi les titres récents d’une référence à Mirai Nikki et sa lutte sanglante entre douze humains dont le vainqueur prendra la place du Dieu actuel. Cependant, l’exploitation du récit et de ses personnages semble déjà bien maîtrisée et l’histoire possède très clairement sa touche d’originalité notamment en revisitant la personnalité des anges, …

Concernant le dessin, nous avons ici un maître en la matière qui a su prouver ses capacités extraordinaires à travers ses nombreuses œuvres. Takeshi OBATA a une patte unique. Il illumine chacune de ses planches et nous éblouit par tant de détails, de finesse dans le tracé ainsi que par sa maîtrise exceptionnelle des trames. Ce trait rend ce titre encore plus attrayant.

Enfin, concernant l’édition, Kazé est resté fidèle à la version japonaise avec sa couverture avec un effet de brillance et les lecteurs ne pourront que l’en remercier.

Neginator

Commentaires (0)