Chronique : DevilsLine T.1

La société des hommes n’est pas celle que l’on croit. Sans le savoir, elle abrite une population de vampires qui côtoient les humains tout en dissimulant leur vraie nature. C’est ainsi que Tsukasa, étudiante à la vie tranquille, va en faire l’âpre découverte. Sauvée de justesse par un homme nommé Anzai, elle comprend que ce dernier n’est autre qu’un membre d’une brigade spéciale, chargée de neutraliser les vampires ayant franchi l’interdit : boire du sang humain.

Au contact de la moindre goutte, ces créatures deviennent des monstres incontrôlables, animées par une rage folle… que le jeune Anzai, être hybride, a de plus en plus de mal à maîtriser.

Une irrésistible attirance naît entre Tsukasa et Anzai, dont la soif de sang ne cesse de s’accroître en sa présence… Vampire et humain, prédateur et proie…

Ce mois-ci, les éditions Kana nous invitent à découvrir un seinen aux allures vampiriques signé Ryô Hanada un auteur encore inconnu en France. Cette œuvre est reprise sous le label Big Kana,  qui s’adresse en général à un public plus adulte et propose essentiellement des polars et de la science-fiction.

Le thème des vampires a déjà été exploité de long en large que ce soit dans la littérature avec l’intemporel Dracula de Bram Stoker ou porté à l’écran par l’excellent Entretien avec un vampire. Devilsline saura-t-il renouveler le genre et surprendre ses lecteurs ? Je vous donne mon avis sur la question.

Il est là dans la foule, il m’observe en permanence…

On débute cette lecture en suivant Tsukasa, une jeune fille qui rentre de la fac accompagnée de son ami, Akimura. Celui-ci en profite pour lui faire part de ses sentiments mais Tsukasa lui fait vite comprendre qu’elle n’est pas intéressée. Ils sont soudainement interrompus par un inconnu qui s’interpose et sépare violemment les deux jeunes gens. Ce dernier accuse Akimura de vouloir boire le sang de Tsukasa et d’être l’auteur de plusieurs meurtres. Un bouleversement pour la jeune fille qui, dans la panique, se blesse et voit son ami se transformer en un monstre sanguinaire à la vue de son sang.

Heureusement Anzai, qui fait partie d’une brigade spéciale anti-vampire, est là pour protéger la jeune fille et parvient à maitriser Akimura.

Dès les premières pages, l’auteur réussit à instaurer un climat effrayant en se servant efficacement des codes du genre comme la sensation d’être observée, l’annonce d’un tueur en série qui rôde ou encore la ruelle sombre et peu fréquentée empruntée par nos deux amis pour rentrer chez eux pour ensuite offrir une scène troublante qui mêle habilement révélations et déchirements. Les émotions et la tension sont très bien retranscrites et l’auteur parvient rapidement à captiver le lecteur.

 © 2013 Ryô Hanada / KODANSHA

Mais alors…toi aussi, tu es un monstre ?

Après cet événement bouleversant, Anzai décide de raccompagner la jeune fille chez elle. Il se montre attentionné et réconfortant à son égard.

Un mois s’écoule sans que nos deux héros ne se revoient. Mais Anzai comme Tsukasa ne peuvent s’empêcher de penser l’un à l’autre. Le désir de revoir la jeune fille le pousse à veiller sur elle et ils finissent par se rencontrer à nouveau. Mais ses retrouvailles sont vite interrompues par la brigade anti-vampire qui rappelle Anzai à ses obligations.

L’auteur décide clairement de construire son scénario autour des relations entre humain et vampire. Sont-elles possibles ? L’amour est-il plus fort que l’appel du sang ?

L’auteur prend le temps de développer ses personnages, en particulier Anzai. On découvre ainsi le dégoût qu’il éprouve pour lui-même, ses peurs et l’irrésistible attirance qu’il éprouve pour Tsukasa. Mais aussi une partie de son passé grâce aux flash-back qui se révèlent être suffisamment intéressants pour éveiller la curiosité du lecteur et lui donner envie d’en savoir d’avantage. Le lecteur s’attache donc rapidement aux personnages principaux, le début de leur relation est touchante et sincère. Les personnages secondaires remplissent bien leurs rôles.

Bien sûr, la romance n’est pas la seule à être au cœur du récit. En effet, l’auteur a plusieurs cordes à son arc. Les missions de la brigade anti-vampire donnent un petit côté « enquêtes policières » au scénario. Elles ne sont pas originales mais elles sont bien construites et apportent une dimension supplémentaire au titre.

© 2013 Ryô Hanada / KODANSHA

Original, pas tout à fait. Intéressant, très certainement.

Un premier tome réussi qui comporte de nombreuses qualités grâce à un scénario bien ficelé et rythmé. L’auteur combine adroitement la thématique des vampires, le début de romance entre nos deux héros et les missions de la brigade.

Il parvient à jongler intelligemment entre des moments plus doux et d’autres beaucoup plus cruels, ce qui rend la lecture captivante. La fin du tome nous promet de grands moments et on est impatient de se lancer dans la lecture du second tome.

© 2013 Ryô Hanada / KODANSHA

Du côté du graphisme, le trait de l’auteur est agréable mais un peu inégal. Certaines planches sont vraiment bien dessinées et dans d’autres, les corps sont un peu moins bien proportionnés. Le découpage des cases est fluide et se calque bien sur le rythme du récit. Les décors ne sont pas inexistants mais l’auteur met clairement l’accent sur ses personnages. Globalement, les dessins servent bien l’ambiance du titre et les expressions, la tension, la douleur sont très bien retranscrites et parviennent à interpeller le lecteur.

Du côté de l’édition, c’est du bon travail, rien à redire. La couverture est vraiment plaisante et donne envie. La sortie simultanée des deux premiers tomes est bien sûr très appréciable.