Chronique : Seraph of the end T.1

Découvrez nos premières impressions sur ce nouveau shônen du catalogue Kana

 

Un virus mortel a décimé les adultes du Japon. Les enfants, seuls survivants de l’épidémie, ont été asservis par les vampires, qui ont profité de l’occasion pour faire leur come-out. Dans le souterrain de la ville vampirique de Sanguinem, Yûichirô et Mikaela Hyakuya sont deux jeunes esclaves chargés de donner leur sang aux aristocrates qui ont besoin de soulager leur soif. Mais Yûichirô ne l’entend pas de cette oreille et tente de s’échapper avec son frère adoptif et leurs amis.
Mais les vampires les rattrapent et abattent tous leurs compagnons. Mikaela se sacrifie pour permettre à Yûichirô de s’échapper de la ville vampirique. Une fois à l’extérieur, le jeune garçon découvre un monde intact, et comprend que cette histoire d’épidémie n’était peut-être qu’un mensonge pour asservir les enfants. Il décide de rejoindre la résistance contre les vampires pour délivrer les esclaves et venger la mort de Mikaela. Mais ce qu’il va découvrir sur l’origine de l’épidémie risque fort de lui déplaire.

Titre : Seraph of the end T.1
Editeur français : Kana
Date de sortie : 17/04/2015
Dessinateur : Yamato YAMAMOTO
Scénariste : Takaya KAGAMI

Série en cours - 31 tomes


Alors que l'adaptation en anime vient à peine de débuter au Japon, voilà que débarque dans l'hexagone Seraph of the end, que je connaissais déjà un peu grâce à mon compagnon qui lisait le manga en VO (je précise de suite que je n'ai pas eu d'informations sur l'intrigue : j'ai découvert comme le reste de mes compatriotes le manga à sa sortie le 17 avril). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette lecture m'a laissé dubitatif.

Une œuvre classique

Dire que Seraph of the end est un mauvais manga serait très sévère et injustifié, car on prend tout de même un certain plaisir à lire le premier volume de la série. Néanmoins, on ne peut pas non plus dire qu'il s'agit d'un chef-d’œuvre, car cela serait faire une critique démagogique. Ce titre a des qualités, mais il a malheureusement beaucoup de défauts dont le plus important est le caractère classique du scénario.

Déjà, pour régler tout de suite le problème concernant un détail qui aurait pu gêner certains, je tiens à signaler que ce qui concerne le fait que les enfants n'ont pas été contaminés par le virus qui a décimé une très grande partie de la population mondiale ne m'a pas choqué. Il est scientifiquement prouvé que le corps d'un adulte et celui d'un enfant est très différent, et que leurs défenses biologiques diffèrent beaucoup (même si généralement, celui d'un adulte est plus résistant que celui d'un enfant), donc je n'écarte pas l'idée qu'un virus peut être mortel pour une tranche d'âge donnée et inefficace contre une autre (les scientifiques peuvent contester mes propos avec des arguments plus pertinents : je reconnais mes connaissances limitées sur ce sujet). Cependant justement, l'âge n'est en principe pas un critère absolu pour l'assimilation et le développement d'un virus, ce qui fait que le postulat de base du scénario peut dès le début être source de polémique.

Ensuite, dans l'absolu, le tome 1 présente des éléments qui sont trop classiques, pour ne pas dire que ce sont des clichés maintenant, qu'on retrouve dans énormément de shônen (dans les anciens comme dans les nouveaux) : le fait que le héros soit un personnage contestataire et marginal (cette image se retrouve, à différents degrés, chez Edward Elric par exemple), qu'il soit accompagné d'un autre personnage bien moins fort que lui mais qui ne manque pas de courage (Là, plus qu'un shônen, on peut penser à Sam dans Le Seigneur des Anneaux), la super-puissance du héros alors même qu'il n'a pas encore eu un véritable entraînement (ici, qu'il arrive à battre un démon seul alors qu'il ne devrait pas être en mesure de le faire), le côté fin du monde dominé maintenant par des vampires ultra-puissants (Vampire Hunter D ? Et encore, là les vampires n'étaient pas si puissants). Même la fin du tome n'est pas un vrai cliffhanger, puisqu'on pouvait déjà suspecté ce qui est révélé bien avant qu'il ne soit dévoilé (et là encore, cette révélation reste très classique pour un shônen). Je rajouterai que j'ai trouvé qu'un des personnages secondaires (celui qui maltraitait le sidekick de Yûichirô, Yoichi) fait penser à Toji Suzuhara dans Neon Genesis Evangelion, physiquement comme dans le comportement qu'il aborde (même si ce n'est pas non plus un duplicata).

Le classique n'est pas en soit une mauvaise chose, cela permet de retrouver une structure connue, ce qui peut permettre au lecteur de se plonger plus facilement dans un nouveau récit car il sait comment les choses vont lui être présentées. Mais dans le cas de Seraph of the end, même si le scénario est visiblement bien maîtrisé et que les auteurs savent bien ce qu'ils veulent raconter, cela donne un effet de platitude : on n'est pas surpris, on a au contraire l'impression de lire n'importe quel autre shônen. L'originalité, pour le moment, n'est pas vraiment au rendez-vous, ce qui est très dommage surtout quand on sait qu'il s'agit du tout premier volume de la série.

 

Un mauvais démarrage, mais...

L'autre aspect qui m'a déçu, ou du moins chagriné, est bien que ces défauts sont déjà visibles dès le premier tome de la série. En règle générale, on peut considérer un premier tome comme une vitrine : c'est par ce tome qu'on commence à entrer dans l'histoire et qu'on a envie de savoir la suite. Il faut que le premier tome apporte quelque chose de novateur, afin que le public soit intrigué et veuille continuer à lire la suite. Or ici justement, le peu d'originalité ne permet pas de donner assez envie de lire et surtout d'acheter la suite, ce qui risque de prime abord de rebuter le nouveau lectorat.

Pourtant, tout n'est pas à jeter dans ce titre. L'auteur ne s'attarde pas non plus trop longtemps sur ces aspects classiques, au contraire il leur laisse le juste temps de se développer sans que cela ne dure trop longtemps. On peut alors supposer que le scénariste a fait le choix de débuter par un récit très classique avant de commencer à apporter des choses nouvelles (même si personnellement, je trouve ce choix assez dangereux au vu du résultat). On trouve quand même de l'intérêt à lire ce premier tome, l'histoire reste maîtrisée. Mais le vrai point fort de ce tome, c'est son dessin, qui est très fluide et très beau. Les contrastes sont très bien maîtrisés, on est pris dans le dessin et on a envie de suivre la série essentiellement parce que le dessin est superbe. Néanmoins, concernant les costumes des personnages, cela reste encore très classique, même si là c'est sans doute le moindre problème.

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