Interview de Mari Yamazaki auteur de Thermae Romae

Rencontre avec une japonaise pas comme les autres !

C'est à l'occasion de la 32e édition du Salon du Livre que nous avons eu l'occasion d'interviewer Mari YAMAZAKI, une artiste qui s'est rapidement fait sa place dans le paysage manga. Cette japonaise multilingue a la voix grave et sensuelle, nous parle de la série originale du moment, l'incontournable Thermae Romae dont elle est l'auteur.

 

 

Mme YAMAZAKI bonjour, et merci pour cet entretien. Pouvez-vous vous présenter aux membres de Manga Sanctuary et nous raconter comment a démarré votre carrière de mangaka ?

Bonjour, je m'appelle Mari YAMAZAKI et je suis l'auteur de Thermae Romae publié au Japon chez Enterbrain et chez Casterman, sous le label Sakka, pour la version française.

J'ai débuté ma carrière de mangaka suite aux conseils d'un ami. A cette époque, je sortais des Beaux-Arts de Florence et je peinais à vivre de ma passion pour la peinture. Un ami m'a dit un jour : « Il y a beaucoup de japonais qui font du manga et qui en vivent, pourquoi ne tenterais-tu pas également l'expérience ? ». Tout est parti de là, tout simplement !

 

 

Vous n’aspiriez pas spécialement à devenir mangaka et pourtant vous avez eu le 14e prix culturel Tezuka. Que cela symbolise t-il pour vous ?

J'étais très heureuse et fière de cette nouvelle ! Quand je commence quelque chose, j'aime y aller à fond. Même si je n'aspirais pas à devenir mangaka, quand je me suis lancé dans les mangas, j'y ai mis toute mon âme, toute mon énergie. Le fait de savoir que mon travail avait été reconnu et récompensé, m'a ému. J'étais vraiment aux anges ! Cela m'a d'autant plus motivé à donner tout ce que j'avais pour continuer dans cette voix là.

 

"Quand vous souriez aux autres, il n'y a pas de barrières !"

 

Vous êtes venu nous présenter Thermae Romae, un manga original, qui se différencie sur le fond comme sur la forme. Comment vous est venue l’idée étonnante de créer un manga sur les Thermes?

A l'origine tout est parti d'un constat. Étant japonaise et amoureuse de l'Italie, je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de points communs entre mon pays natal et la Rome Antique. Aucun peuple ne voue une adoration aussi forte pour les bains que les Japonais ! J'ai donc creusé dans cette direction, et peu à peu, les idées fondatrices de Thermae Romae sont nées. L'idée paraît peut-être un peu folle, mais disons que j'avais les prédispositions nécessaires à la naissance d'un tel scénario ! (rires).

 

 

En plus d’être divertissant, votre manga est très instructif et nous donne de précieuses informations sur les mœurs de l’époque romaine et sur le Japon contemporain. Que représente la part de recherches culturelle et historique dans votre travail ?

Pour le fond, je me documente en décortiquant de nombreux ouvrages sur la Rome Antique et en faisant des recherches sur Internet. Pour la forme et les effets visuels, j'ai été influencée par la série télévisée Rome (série américano-britannico-italienne de John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller).

La partie documentation me prend énormément de temps ! (rire). Il est difficile pour moi d'estimer le temps consacré à cela, mais dès que j'ai du temps libre, je lis des livres historiques pouvant m'aider pour Thermae Romae.

 

 

Lucius a le « pouvoir » de voyager dans le temps et reproduit ainsi ce qu’il voit au Japon du XXIe siècle. Il est à la fois malin mais copieur d’idées… Quel regard portez-vous sur votre héros ?

Quand j'ai crée Lucius, je ne voulais pas d'un héros justicier ou trop gentil. L'idée principale était de proposer un homme simple, avec ses nombreuses faiblesses et qualités. Un héros du quotidien. Il m'arrive souvent de le comparer à un salaryman lambda, qui délaisse sa famille pour son travail. Je pose donc un regard bienveillant sur lui, qui est un homme comme les autres, qui fait de son mieux, qui réalise ses faiblesses, mais qui n'essaie pas de les cacher, qui les assume.

Pour son côté malicieux et copieur, je voulais vraiment souligner la capacité incroyable de la Rome Antique à assimiler et même transformer les connaissances, les techniques d'autrui. C'était un peuple très intéressant et j'essaie du mieux que je le peux, de véhiculer cette grande qualité, à travers mon œuvre.

 

 

Vous avez prévu de ne pas faire de Thermae Romae une série « fleuve » (ndlr : la série est prévue en 6 tomes). Avez-vous donc déjà en tête, la conclusion de votre histoire ?

Dès les premières pages de Thermae Romae la conclusion était écrite dans mon esprit. En fait, j'ai tellement hâte de réaliser la fin que j'aimerais que le temps passe plus vite pour y être maintenant (rires) !

 

 

Vous avez un style graphique qui vous est propre et qui souligne vos diverses influences. Quelles sont-elles ?

J'ai suivi une formation graphique classique. Même si je voulais changer mon style pour faire plus manga, j'en serais incapable. Concernant mes influences manga, je suis plus touchée par l'influence « gekiga », notamment le travail de ICHINOSEKI Kei, c'est vraiment un auteur qui sort du lot selon moi.

 

 

Si vous aviez la possibilité de voyager à l’époque de la Rome Antique, quelle est la première chose que vous feriez après la visite de thermes ?

Après les thermes, je partirais à la rencontre de l'Empereur Hadrien pour voir s'il est vraiment comme le suggère les écrits. Je parlerais aussi à l'architecte Vitruve. De manière générale, j'irais à la rencontre des artisans de l'époque.

 

 

Vous avez étudié la peinture aux beaux-arts de Florence. Le fait de changer de vie en étudiant à l’autre bout de la planète a du être enrichissant et dur à la fois. Racontez-nous comment s’est déroulée cette période de votre vie.

J'ai vécu en Italie de 17 à 28 ans, j'y ai étudié assidument la peinture. Comme vous l'avez dit, ce fut une période dure mais surtout enrichissante. Maintenant que j'ai plus de recul, je ne regrette vraiment pas cette étape de ma vie, au contraire, j'ai adoré toutes ces années, car j'ai fait ce en quoi je croyais, j'ai vécu une expérience inouïe. De plus, Florence est une ville dans laquelle je me sentais bien et culturellement elle transpire l'époque de la Renaissance, cela me plaisait énormément.

 

 

Vous avez eu la possibilité de beaucoup voyager, d’habiter dans de nombreux pays aux cultures très diverses. Qu’avez-vous appris de tous ces voyages ?

Il est vrai que les cultures, les mœurs peuvent varier fortement d'un pays à un autre. Mais s'il y a bien une chose que j'ai apprise de mes nombreux voyages, c'est que les gens font tous la même chose où que l'on aille. Je n'ai eu aucun problème d'intégration, que cela soit au Portugal, en Syrie, en Italie ou au Tibet. Quand vous souriez aux autres, il n'y a pas de barrières !

 

 

Portrait Chinois :

  • un animal ? Une baleine !

  • Un élément ? Air

  • Une couleur ? Vert

  • Une ville ? Rio de Janeiro

  • Un genre de livre ? Un livre de voyages !

  • Une boisson ? Le thé

  • Un genre de film ? Un film d'aventure

  • Une plante/fleur ? L'oiseau de paradis

  • Un genre musical ? J'adore la samba ! (rires)

  • Un mot que vous affectionnez ? Haserinasai Yukurito (Hâte-toi lentement)

 

Merci Mari YAMAZAKI pour cet entretien et très bonne continuation.

C'est moi qui vous remercie !

 

Remerciements à toute l'équipe des éditions Casterman et plus précisément à Valentine et Wladimir.

 

Vous souhaitez lire un extrait pour vous forger votre propre avis ? C'est par ici que cela se passe !

 

THERMAE ROMAE de Mari YAMAZAKI

4 tomes au Japon - série en cours (6 tomes prévus au total)

Deux premiers volumes disponibles - 3e opus le 27 juin 2012

 

Lucius Modestus, architecte romain en panne d’inspiration, découvre un passage à travers le temps qui le fait émerger au XXIe siècle, dans un bain japonais !!! Entre stupeur et émerveillement, Lucius parviendra-t-il à mettre à profit cette fantastique découverte pour relancer sa carrière ?
Des thèmes jamais abordés dans les mangas publiés en France à ce jour : les cultures japonaise et romaine des bains, le tout sur un ton décalé à l’humour qui fait mouche : comique de situation et quiproquo en pagaille. On se délecte des tribulations de cet orgueilleux Romain de l’Antiquité qui se trouve projeté dans le Japon d’aujourd’hui.




BIOGRAPHIE DE MARI YAMAZAKI

Mari YAMAZAKI est née en 1967 d'une famille de musiciens. Très jeune, sous l'impulsion de sa mère, elle part visiter seule la France et l'Allemagne et rencontre à la gare de Bruxelles un vieil homme italien, le grand-père de celui qui deviendra son mari. En 1984, alors qu'elle a 17 ans, le vieil homme l'invite à venir en Italie. Mari YAMAZAKI accepte et étudie la peinture aux beaux-arts de Florence. Après 10 ans parfois difficile, elle décide de rentrer au Japon et multiplie les boulots : présentatrice TV d'une émission de cuisine, professeur d'italien, reporter, elle fait ensuite ses débuts en manga dans le cadre d'un concours, car elle a besoin d'argent.

Lors d'un séjour à Florence, elle rencontre son mari actuel professeur d'université, et ensemble, ils s'installent en Italie puis au Portugal, en Syrie et enfin aux Etats-Unis. A partir de janvier 2008, elle publie dans le magazine mensuel Comic Beam (Enterbrain) la série Thermae Romae qui connaît un succès immédiat. Elle réside actuellement à Chicago avec son fils et son mari.

 


Source: Casterman

Den d Ice

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