Interview de Yoshiki TONOGAI

Découvrez l'interview du créateur des angoissants Doubt et Judge

A l’occasion de la Japan Expo 2011, l’équipe de Manga Sanctuary a eu le privilège de rencontrer Yoshiki TONOGAI, connu en France pour ses œuvre Doubtet plus récemment JUDGE, publiées aux éditions Ki-oon. Il nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions.

 

 

© Yoshiki Tonogai / SQUARE ENIX CO., LTD.

 

Bonjour Yoshiki TONOGAI, Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours professionnel ?

 

Bonjour, je m'appelle Yoshiki TONOGAI et je suis l'auteur deDoubt et de JUDGE. Comme tous les petits enfants japonais, quand j’étais petit, j’ai caressé le rêve de devenir mangaka mais ce n’était pas très sérieux. C'est bien plus tard, en entrant en faculté que j'ai commencé à y réfléchir sérieusement sous l'influence d'un copain. C’est à cette époque là que j’ai commencé à dessiner sérieusement.

 

 

 

Vous vous êtes lancé en contactant SQUARE ENIX et par la suite vous êtes devenu l'assistant d'Atsushi OHKUBOpour Soul Eater. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette évolution ?

 

Quand on est jeune et que l'on souhaite devenir mangaka, on envoie généralement des illustrations, des histoires courtes, au magazine hebdomadaire «Jump» (Shueisha). Mais moi j’avais déjà plus de 20 ans lorsque j’ai commencé à réfléchir sérieusement à cette possibilité de carrière. J’étais alors un peu trop âgé pour débuter la-bas. J’ai donc cherché un autre magazine, proche du style du «Jump», c’est à dire du shonen. Ainsi, mon choix s’est porté sur le magazine «Gangan» de SQUARE ENIX. Je n’ai pas envoyé mes illustrations par la poste ou par fax, comme cela se fait habituellement, j’ai poussé le bouchon plus loin en déménageant directement à Tokyo. J’ai apporté en mains propres mes illustrations au siège de SQUARE ENIX. Et c’est là que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon responsable éditorial. Il m’a d’abord conseillé d’être assistant d'Atsushi OHKUBO, avec qui j'ai travaillé un certain temps. Puis, lorsque j’ai pensé que le moment était venu, je me suis lancé en temps que mangaka.

 

 

 

Doubt puis JUDGE…on reste donc dans un univers angoissant. Ce genre est une volonté de votre part ou une demande particulière de la part de l’éditeur japonais ?

 

 

Comme vous le savez, je suis rentré dans le monde du manga par le style shonen puisque j’étais assistant d'Atsushi OHKUBO. Après cette expérience, j’ai dessiné un one-shot de style shonen. Celui-ci est paru en un seul chapitre dans un magazine de prépublications de SQUARE ENIX. J’aimais beaucoup ce que je faisais mais mon entourage m’a conseillé de m’orienter vers le style «thriller». Et, on m’a donc aiguillé sur Higurashi no naku koro ni, un jeu vidéo qui a rencontré un certain succès. Ce jour là, j’ai compris que c’était peut être mon style. Du coup, lorsque j’ai eu l'occasion de créer ma propre histoire, j’ai décidé de me lancer dans le genre Suspense / Thriller, et non du shonen.

 

 

 

 

Par rapport à JUDGE, pourquoi avoir choisi le sujet des péchés capitaux? Quelle a été la motivation et l’élément qui vous a fait penser à cela?

 

En fait, mon point de départ c’était un «tribunal». Quand j’ai commencé à concevoir ce manga, le Japon était en train d’introduire le système de Jury Populaire qui n’existait pas auparavant. Ainsi, on parlait tous les jours à la télévision de ce système et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose en rapport avec ce sujet. Donc, c’est ça l’idée de départ! Et puis qui dit «jury» ou «tribunal» dit aussi «crime», et voilà c’est de fil en aiguille que l’histoire que vous connaissez est née.

 

 

 

 

© Yoshiki Tonogai / SQUARE ENIX CO., LTD.

 

Le fait de créer de l’angoisse dans un huit-clos vous impose une certaine rigueur au niveau du graphisme comme des points de vue cinématographiques. Cet exercice vous plaît-il ?

 

Alors c’est vrai que quand on dessine des huit-clos à longueur de journée, on devient limite claustrophobe (rires)! On a envie de s’évader…et lorsque l’occasion m’a été donné de représenter des paysages extérieurs, par exemple pour dessiner des flash-backs, et bien là, je prends plaisir à reproduire ces scènes. Mais, il y a quand même quelque chose de positif dans le fait de dessiner des huit-clos. Avec le temps, j’ai acquis une certaine aisance pour dessiner les scènes d’intérieur. Ça reste un bon exercice.

Pour les plans cinématographiques, en plus d'être un bon exercice, c'est aussi un moyen de dynamiser les mises en scène et d'intensifier l'esprit que je veux donner à un moment précis. C'est plus compliqué à faire, mais j'aime beaucoup dessiner ce genre de plans (rires).

 

 

 

 

Une petite question par rapport au passage de Doubt à JUDGEDoubt a été un véritable succès en France malgré un tome 4 qui a déçu une partie du lectorat. Est-ce que le constat a été similaire au Japon et cela a-t-il influencé votre approche de JUDGE?

 

C’est vrai qu'au Japon aussi, un certain nombre de lecteurs a fait comprendre que la fin n’était pas à la hauteur de leurs attentes et que le fait d’utiliser l’hypnose comme moyen d’agir sur les autres personnages c’était un peu de la triche… Mais en même temps, j’ai envie de dire «c’est juste un manga», donc soyez plus indulgents les amis! (rires) Cela dit, j’ai bien noté les différents avis… et j’espère ne pas décevoir les lecteurs en ce qui concerne la fin de JUDGE.

 

 

 

 

 

 

Que pensez-vous de votre contact avec les fans français ?

 

Aaah!!! C’est la première fois que je fais une séance de dédicaces! Même au Japon, je n’en avais pas fait! C’est donc aussi la première fois que je vois mes lecteurs en chair et en os. J’ai été très touché par le contact direct avec mes fans français qui m'ont fait un formidable accueil. De plus j'ai été agréablement surpris par leurs réactions vraiment passionnelles vis-à-vis de mes créations. Je suis vraiment très heureux d’être là, entouré de mes fans français. Merci pour votre soutien!

 

 

 

 

 

 

A présent, nous allons parler de l’avenir… Vous avez évolué principalement dans le domaine de l’angoisse comme on le citait tout à l’heure. Maintenant que vous avez commencé à faire des thrillers, est-ce que vous aspirer à un autre style pour votre prochaine série? Aimeriez-vous revenir au Shonen ?

 

Pour l'instant je compte continuer mon projet JUDGE, et comme j’ai beaucoup de demandes, je pense faire une autre série dans le même univers. En fait, dès le départ, il était prévu avec mon éditeur japonais qu'il y aurait 3 titres : Doubt, JUDGE et une troisième série, qui sera dans le même esprit. Il y aura donc un troisième cycle après JUDGE, toujours aussi sombre que ces prédécesseurs. Voilà une avant-première mondiale! (rires) Lorsque ce projet sera terminé, je passerai éventuellement à autre chose, mais il est encore trop tôt pour prévoir quoi que ce soit.

 

 

Merci beaucoup Yoshiki TONOGAI, et bonne continuation!

 

 

Merci à vous!

 

 

Un grand merci à l'équipe Ki-oon pour cette interview.

 

 

 

© Yoshiki Tonogai / SQUARE ENIX CO., LTD.

 

 

Les oeuvres de Yoshiki TONOGAI en français :

 

DOUBT

Série terminée en 4 volumes - 7.50€

 

Rabbit Doubt fait fureur au Japon : dans ce jeu sur téléphone portable, des lapins doivent débusquer le loup qui se cache parmi eux. Quant au loup, il doit utiliser tous les subterfuges possibles pour semer la confusion dans le groupe et éliminer un par un tous ses adversaires... Mais pour cinq fans du jeu, Rabbit Doubt ne tarde pas à virer au cauchemar: ils se réveillent enfermés dans un bâtiment désaffecté avec, à leurs côtés, le corps d’une camarade assassinée. Tatoué sur la peau des adolescents, un mystérieux code-barres qui leur permet à chacun d’ouvrir une porte différente semble être leur seul espoir de salut. Pas de doute: un loup se cache bien parmi eux, et il leur faudra le démasquer avant d’être dévorés...

 

 

 

 

 

JUDGE

3 tomes au Japon - Série en cours

Tome 2 en français dès le 8 septembre 2011 - 7.50€

 

Après avoir indirectement causé la mort de son propre frère, Hiro vit rongé par le remords. Deux ans ont passé quand il se réveille soudain dans le noir, menotté et coiffé d’un mystérieux masque de lapin. Au bout d’un couloir, le corps sans vie d’un adolescent, et sept autres victimes terrifiées, enfermées dans une étrange salle de tribunal.

Mais aucun d’entre eux n’est vraiment innocent… Coupables d’un crime resté impuni, tous incarnent un des péchés capitaux : gourmandise, avarice, paresse, orgueil, luxure, envie et colère. Le procès peut commencer… À la fois juges et bourreaux, ils devront choisir toutes les douze heures celui d’entre eux qui sera sacrifié.

 

 

Den d Ice

Manga, tarot, astronomie, cinéma asiat, cuisine, astrologie, décoration, moto,
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