Le manga serait un "divertissement immédiat et jetable, pas un art"

Un « expert » genevois en études sur le Japon tente (maladroitement) d'expliquer le phénomène des manga...

La Japan Expo vient de refermer ses portes et la culture japonaise, en particulier les manga, est encore bien présente dans les médias. Comme toujours les médias généralistes restent très circonspects et tentent timidement (voire maladroitement parfois) de comprendre le phénomène.

Bien souvent, on fait appel à un « expert » du Japon pour expliquer tout ça. Le site d'information Atlantico a suivi cette approche et s'en est remis à Damien Kunik (assistant au Département « japonais » de l'Université de Genève en Suisse).

Après, avoir brièvement évoqué les origines du mot manga et l'arrivée du manga moderne dans l'Après-guerre, il tente une comparaison de la BD franco-belge et des manga. Il oppose une BD « volontiers perçue comme un espace de création narratif et graphique, une sorte de roman en image dont les auteurs sont les inventeurs » à un manga créé par une équipe créative « constituée d’un dessinateur et de ses assistants, salariés réguliers d’une maison d’édition et conseillés par un directeur créatif ».

Des modes de production différents mais selon lui les modes de consommation sont aussi différents. Il affirme que « l'écrasante majorité des lecteurs de mangas » au Japon, les consomme uniquement en prépublication et se débarrasse des magazines quand ils sont lus. Selon lui, il n'y a qu'un petit pourcentage de lecteurs japonais qui achète les tomes reliés. Et la sentence tombe comme un couperet sur un ton très dogmatique : « L’industrie du manga est essentiellement une industrie du divertissement immédiat et jetable, pas un art ».

L'art devrait donc s'opposer au « divertissement immédiat » ? L'art n'est donc pas « jetable » ? Et dans ce cas qu'en est-il de l'art éphémère ? Si l'on suivait ce type de raisonnement et en le poussant un peu plus loin, on en arriverait à ce type d'idée : Si la majorité regarde une oeuvre et la jette alors ce n'est pas de l'art...

Dernier point à soulever, Damien Kunik estime que la popularité des manga est due en partie au fait qu'ils ne soient à la base créés que pour le marché japonais. Ce qui oblige donc le lecteur à se former à de nouveaux modes narratifs, graphiques, culturels et même de lecture (sens de lecture japonais). Selon Damien Kunik, « Le côté cryptique et exotique du manga offre certainement un pendant appréciable à une culture américaine plus aseptisée ». Pourquoi pas, mais il va encore plus loin en affirmant (avec, soulignons-le au passage, une syntaxe très maladroite) : « Toute proportion gardée, le culte occidental voué au manga est bien moindre au Japon, puisque l’aspect cryptique et exotique de ce médium n’a là-bas pas lieu d’être ».

Peut-on réellement comparer le « culte » que les Occidentaux vouent aux manga à celui que les Japonais leur vouent ? Et les aspects cryptiques et exotiques sont-ils à ce point importants qu'ils induisent une dévotion plus forte ? Ne peuvent-ils être contrebalancés chez les Japonais par la reconnaissance immédiate des références culturelles, historiques, sociétales... ?

Mariog

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