Critique Manga Le portrait de petite Cosette

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Le portrait de petite Cosette

par Pois0n le lun. 25 mai 1970 Staff

En commençant à lire "Le portrait de Petite Cosette" subsistait en moi un doute, lié au fait que ce manga des éditions Asuka soie l'adaptation d'un anime. Sans vouloir dire que toutes les adaptations d'anime en manga soient ratées, j'avais lu peu de temps avant "La Traversée du Temps" (également une adaptation d'anime) du même éditeur et qui m'avait laissé un amer goût de bâclage... Alors avais-je eu raison de me laisser tenter par un résumé accrocheur?

... Oui! A aucun moment nous ne ressentons une impression de "trous" dans l'histoire, ne d'incohérences. Le portrait de Petite Cosette est bel et bien un manga réussi, sans le moindre doute.
La narration des événements est exemplaire, égare le lecteur juste ce que qu'il faut en même temps que le héros, jeune étudiant en arts plastiques fasciné par l'esprit d'une malheureuse jeune fille assassinée quelque 200 ans plus tôt. Ne pouvant supporter la mélancolie de Cosette, il se mettra en quête d'objets lui ayant appartenu, tous maudits depuis la tragique fin de cet être innocent...

Mais, en 200 ans "d'errance", Cosette est-elle vraiment toujours aussi inoffensive qu'elle ne le paraît? Une incroyable sensation de malaise, une ambiance souvent glauque, parfois franchement morbide, dérange le lecteur tout au long du récit; l'empêchant d'y croire. Et de suivre notre pauvre étudiant dans sa quête finalement absurde de rendre le sourire à cet esprit mélancolique... Mais à la lecture pourtant, tout ceci nous semble parfaitement logique, normal, on ne se pose pas de questions alors que tout, finalement, nous y incite.

C'est là la grande force de ce manga. "Le portrait de Petite Cosette" parvient à totalement immerger le lecteur dans l'histoire. Ceci en particulier grâce à l'ambiance, elle-même remarquablement rendue par des graphismes un peu particuliers, non pas laids, bien au contraire, mais vraiment très singuliers. Les détails foisonnent parfois tandis qu'ailleurs le trait est imprécis, comme pour mieux dégager la folie qui émane de l'histoire.

Folie, mais aussi et surtout poésie. On ne peut pas trouver plus beau, plus romantique, que l'idée de vouloir rendre le sourire au fantôme tourmenté d'une jeune fille tout en ayant plus ou moins conscience de courir à sa propre perte... Aussi malsains que puissent se montrer les décors et l'ambiance, on est sans cesse attirés par la beauté de l'histoire, fascinés par les liens étranges qui se nouent entre Cosette et celui qui désire tant "la sauver"... Jusqu'à la fin, terriblement prévisible et finalement logique, triste mais dans la lignée de la mélancolie de l'oeuvre et par-là même d'une cohérence à toute épreuve.

En résumé, on tient là un joli petit bijou en deux tomes, parfois dérangeant, glauque, mais aussi beau, romantique, poétique, qu'il est difficile de ne pas aimer... A déconseiller tout de même aux âmes trop sensibles, on a ici affaire à une oeuvre non pas trop gore (ça ne saigne pas beaucoup, mais plutôt lorsque ça ne le devrait pas, lorsque ce n'est pas logique) mais réellement dérangeante par moments. Après tout ici il est question d'objets maudits et possesseurs tuant encore et encore quiconque a la malchance de tomber sur eux...

Toutefois si vous aimez la poésie à la fois moderne et gothique, foncez, foncez, foncez!

En bref

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Le portrait de petite Cosette
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