Critique Manga Scramblues

Trouver sa voix

Akata publie tellement peu de Boys Love que je m'attends toujours à ce que ceux-ci aient le petit truc en plus pour les démarquer. Je suis donc un peu déçue quand je sens qu'il y a quelque chose mais que ce n'est pas tout à fait cela...

Avec Scramblues, un titre au passage que je trouve parfaitement trouvé et avec une belle sonorité, ils nous emmènent à la rencontre d'une jeune autrice méconnue chez nous : Mame March, qui a un univers graphique avec une patte personnelle, un trait très marqué et accentué qui la rend indentifiable, ce que j'apprécié, aimant les auteurs de caractère. J'aurais aimé qu'il en soit de même pour l'histoire.

Surfant sur la mode des slow burn avec artiste incompris, dans ce oneshot trop court pour moi, elle nous propose de faire la rencontre d'Eddie, un pianiste célèbre mais qui a perdu la foi. Il va cependant fasciner Kurosaki, un jeune graphiste qui cherche lui aussi un nouveau souffle, qui va se voir proposé de faire la couverture de son nouvel album. Comment vont s'accorder ces deux personnalités discordantes et pourtant sur la même longueur d'onde ?

J'ai toujours aimé les récits musicaux, alors forcément l'intégration de ces éléments dans l'histoire m'a plu. J'ai apprécié de découvrir la passion d'Eddie et les fragilités et traumas qu'elle a occasionné chez lui, car quand on vient d'une famille de "génies" ce n'est pas forcément tout rose. Cela m'a plu que Kurosaki aime aussi ce médium et que ce soit ce qui va rapprocher ces deux âmes sensibles que tout semble opposer. Eddie est froid et distant, tout en hauteur. Kurosaki est la simplicité et la naïveté même. Cependant l'autrice tisse une toile sensible autour de la musique pour les rapprocher.

Le hic, c'est que le récit est trop lent, trop superficiel et trop inabouti. L'autrice lance de belles idées mais elle en fait peu de choses au final. On reste partout cruellement sur sa faim. A vouloir la jouer à la mode "lente", c'est beaucoup trop lent. A vouloir la jouer "psychologique", c'est un peu plat et mou finalement, avec en prime de la philosophie de comptoir. Pourtant, c'était intéressant potentiellement de suivre un sportif raté, reconverti dans le dessin et ayant eu une révélation sur sa vie grâce à de la musique, ainsi qu'un musicien, passionné, ayant adoré son grand-père qui lui a fait découvrir la musique mais traumatisé par l'apprentissage à la dure qu'on lui a forcé à faire à côté. Il aurait pu se passer bien plus entre eux que ces éphémères moments et cette rencontre sur laquelle on nous laisse au final, avec juste quelque dizaine de pages et encore pour nous laisser imaginer ce que ça aurait pu être. C'est terriblement frustrant.